Le cerveau des enfants est vulnérable au stress

Le développement affectif et social des enfants est encore méconnu par une majorité d’adultes.

 

Tout d’abord, le cerveau humain est préprogrammé pour être en relation. Dans notre cerveau, un nombre important de circuits neuronaux sont dévolus aux relations émotionnelles, affectives et sociales. Nous sommes des mammifères sociaux et nous avons besoin les uns des autres pour survivre. Cela est particulièrement vrai chez les enfants dont le cerveau est immature. Ils grandissent et évoluent en relation d’attachement avec les adultes qui les entourent.

Catherine Gueguen nous mentionne que « les découvertes très pointues des neurosciences affectives et sociales montrent que les expériences relationnelles modifient en profondeur le cerveau, en influençant la sécrétion des neurotransmetteurs, le développement des neurones, leur myélinisation, les synapses, les circuits neuronaux, les structures cérébrales, l’expression de certains gènes, les télomères des chromosomes ou encore les systèmes régissant le stress. »  Lorsque nous prenons connaissance de toutes ces modifications qu’ont les relations sur notre cerveau, il devient alors évident que nos relations influencent le développement cérébral de l’enfant, influencent nos comportements, notre santé mentale et physiques. Nos relations influences par conséquent notre manière d’apprendre ainsi que notre potentiel intellectuel et émotionnel.

À l’inverse, un environnement défavorable nuit à la maturation du cerveau. Plusieurs structures du cerveau sont atteintes lorsqu’un enfant grandit dans un environnement hostile, maltraitant ou tout autres contextes anxiogènes. Le nombre de conséquences graves est considérable lorsqu’un enfant ne croît pas dans un environnement favorable. Ces expériences malheureuses façonnent et modifient le cours normal du développement du cerveau. Nous ne pouvons plus nier qu’il s’agisse d’un problème de santé publique majeur et donc, que nous sommes collectivement tous responsables à veiller au bien-être de nos jeunes.

Actuellement, nous avons tendance à surestimer la capacité d’adaptation des enfants en cette période de pandémie et à minimiser les impacts du stress chronique sur le développement de leur cerveau autant sur leur développement psychoaffectif que sur le développement cognitif.

S’il est vrai que nous pouvons difficilement mesurer les impacts négatifs qu’ont les mesures sanitaires et cette crise mondiale sur nos enfants, nous savons en revanche que le cerveau des enfants est très vulnérable au stress.

Un enfant seul ne peut pas s’adapter. Il ne peut pas tempérer le stress qu’il vit. Quand un enfant ressent des émotions que ce soit de la tristesse, de la colère, de la peur, l’amygdale cérébrale répond à ce stress corporel et des molécules de cortisol et d’adrénaline sont sécrétés. En quantité importantes et sur une longue période de temps, ces hormones de stress sont toxiques pour l’organisme de l’enfant ainsi que pour son cerveau en plein développement.

Le cortex préfrontal se développe sur plusieurs années comparativement à d’autres régions du cerveau. Cette partie du cerveau est par conséquent beaucoup plus vulnérable au stress. Des difficultés de régulation de l’attention et du comportement surviennent fréquemment chez les enfants qui vivent de l’adversité dès leur plus jeune âge. Dans cette optique, l’activité cérébrale du cortex préfrontal est très faible chez les adultes colériques, anxieux, violents. Pour un enfant qui vit un stress chronique, les risques de devenir un individu colérique, de faire des crises d’angoisses, d’avoir un trouble anxieux, d’être dépressif, d’avoir de la difficulté à entrer en relation avec autrui sont importants.

La maturation du cortex orbito-frontal ainsi que les connexions neuronales ne se déploient pas de manière favorable lorsque l’enfant est sous stress. Ce processus naturel et inné est ralenti, voire interrompt. Également, lorsque le stress est chronique, la quantité de cortisol sécrété peut détruire des neurones dans des zones importantes du cerveau comme le cortex frontal, le cortex orbito-frontal, le corps calleux, l’hippocampe et le cervelet.

Un enfant ou un adolescent peut passer au travers diverses crises comme celle que nous traversons en ce moment. Par contre, son environnement doit lui permettre de se sentir en sécurité affective. Cette sécurité se retrouve dans les relations d’attachement qu’il a avec les adultes qui prennent soin de lui dans son quotidien. Il doit pouvoir se déposer, se sentir accueilli, compris, vu et écouté. En soi, ce sont les adultes qui permettent aux enfants tempérer leur stress et par conséquent, de favoriser l’adaptation et la résilience.

Malheureusement, actuellement, force est de constater que plusieurs enfants n’évoluent dans cet environnement favorable. La hausse de détresse chez les enfants et les adolescents depuis le début de la pandémie est remarquable et cela est le reflet du stress chronique qu’ils vivent. Nous voyons ces répercussions autant sur le plan scolaire que sur leur santé mentale et physique. Leurs comportements et leurs modifications psychologiques témoignent de leur détresse.

Nous pouvons agir en répondant aux besoins fondamentaux d’affection, d’attention, de calme, de sécurité des enfants. Pour se développer de manière optimale, le cerveau a besoin d’empathie, de bienveillance et de présence. Nos enfants ont besoin d’être soutenus par les adultes qui les accompagnent pour les aider à nommer leurs émotions et pour leur offrir un espace d’attachement tendre, chaleureux et sécuritaire pour se déposer.

 

Pour mieux soutenir les jeunes à l’école : https://neurodiversite.com/section-livres/

 

Mélanie Ouimet

 

Références :

[1] Catherine Gueguen, heureux d’apprendre à l’école, comment les neurosciences affectives sociales peuvent changer l’éducation, Les arènes – Robert Laffond, Paris 2018.

[2] Gottay et al, 2006

[3] Arnsten, 2009

[4] Bos et al, 2009, Pollak et al, 2010

[5] Coccaro 2011

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