Vaccination : la perversion de l’altruisme et du concept de liberté

Dessin d’Olivier Lascar extrait du numéro d’été de Sciences et Avenir – La Recherche.

 

Devant la hausse des cas de Covid, le gouvernement de François Legault ira de l’avant avec le passeport vaccinal. Cette mesure vise à assurer la santé publique de tous les citoyens. Cependant, les discours des dirigeants m’amènent à me questionner sur les véritables motivations de cette mesure.

 

Lors de sa conférence de Presse du jeudi 5 août 2021, le premier ministre a mentionné que le principe derrière ce passeport vaccinal « est que les personnes qui ont fait l’effort d’aller chercher leurs deux doses doivent être capable de vivre une vie quasi normale, d’avoir accès à toutes les activités, incluant celles qui sont non-essentielles, comme les restaurants » et il ajoute, « Oui, on va donner certains privilèges à ceux et celles qui ont accepté de faire l’effort ». Sur le compte Twitter de Christian Dubé, nous pouvions lire « avec le passeport vaccinal et la 4e vague, les personnes qui ont fait l’effort de se faire vacciner ne doivent pas être privées d’activités. C’est aux retardataires à se conformer ».

Lorsque j’entends des mots tels que « se conformer », « des privilèges », « faire l’effort », je me questionne à savoir si la santé publique est réellement l’enjeu de l’instauration du passeport vaccinal. Je me demande s’il ne s’agit pas d’une stratégie pour obtenir de la population obéissance face à une seule et unique ligne de pensée. Après tout, pourquoi ne pas utiliser des tests PCR négatif pour avoir accès à certains endroits si la santé publique est le véritable enjeu. Ainsi, je me demande quelle place il reste à la liberté de penser, à la liberté d’opinion, à la liberté de choisir, à la liberté de s’exprimer, à la liberté d’échanger, à la liberté de réfléchir. Que reste-t-il des plurialités qui permettent la créativité, l’innovation, les avancés, la richesse de la diversité? Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec la neurodiversité, concept que je valorise depuis plusieurs années. La norme sociale nous dit : si vous avez un cerveau construit différemment de la norme, vous êtes exclus et on nous propose tout pour nous corriger, pour nous faire entrer dans le moule. La société dit : vous êtes malades, vous avez un trouble mental. Des thérapies, de la violence et de la médication sont alors utilisés pour faire revenir dans la norme les personnes au cerveau atypique.

Sous prétexte de la liberté, de l’autonomie, du bien-collectif, nous pervertissons l’essence fondamentale de ces concepts et nous remettons notre liberté, notre autonomie et le bien-collectif aux mains des pharmaceutiques et des politiciens. Notre capacité réflective, notre intelligence, notre pouvoir personnel sont anéantis sous une norme sociale présentée comme étant la seule et unique voie pour se sortir de la crise sanitaire. Une norme sociale qui se permet de catégoriser les êtres humains entre « les altruistes » et les « égoïstes ». Entre ceux qui « font bien » versus ceux qui « font mal ». Bientôt, nous retournerons à des croyances religieuses au travers du scientisme. La science pourra distinguer le bien du mal et punir ceux qui propagent le mal. Cette porte à la ségrégation du peuple est déjà grandement ouverte.

Doucement, nous glissons vers une société totalitaire. Bien sûr, nous pouvons prendre parole et s’opposer. Nous sommes loin de la terreur imposée par un tel régime politique. Par contre, la violence est utilisée en politique pour dicter la conduite à adopter. Des comportements sont récompensés et des privilèges sont offerts pour ceux qui ont bien fait. La discrimination et la ségrégation s’installent progressivement. Des attentes sociales sont dictées et nous avons l’obligation de nous y conformer sous peine d’être pénalisés. L’autoritarisme et l’emprise sont bien présents.

La dictature, c’est également de pervertir le concept de la liberté en utilisant des formes de violences et des stratégies qui servent à persuader la population qu’en suivant la norme établit, ils seront libres. De persuader la population des bien-fondés d’une ligne de conduite et de faire en sorte que la majorité y adhèrent de manière volontaire. Cependant, est-ce bien sous un choix libre et éclairé que des personnes se conforment? Est-ce bien de manière volontaire lorsque des récompenses, des privilèges, des punitions, des contraintes, des menaces, du chantage sont perpétués et martelés quotidiennement? Combien de personnes se font vacciner par peur du rejet, de perdre leur emploi, de ne pas pouvoir circuler librement, de ne pas participer aux sports-études et non par choix éclairé pour leur santé?

Il y a une plurialités de perception sur la vision de la crise sanitaire et de notre société. Il y a une plurialités de manière de concevoir la santé physique et mentale. Il y a une plurialités de choix pour prendre soin de notre santé. Pourquoi promouvoir qu’une seule manière d’y parvenir?

Sous quel prétexte il est permis de porter des jugements et de violenter des citoyens, des êtres humains, simplement parce qu’ils ont une vision différente? Sous quel prétexte un citoyen se mérite le statut d’égoïste et d’être rejeté de la société parce qu’il refuse un traitement médical? Que savons-nous de la vie de ces personnes? Que savons-nous de leurs valeurs? Que savons-nous de leur implication sociale? Que savons-nous de la conception de la vie? Que savons-nous de leur humanisme? Pourquoi leur perception ne contribuerait pas à construire une société meilleure? Pourquoi juge-t-on qu’ils ne font pas d’effort?

Oscar Wilde disait, « L’égoïsme, ce n’est pas vivre comme on veut mais, exiger que les autres vivent comme on le voudrait nous. » Je me demande qu’est-ce que certaines personnes ont à vouloir imposer avec virulence leur vision, leur choix, leurs croyances, leur perception à d’autres. Qu’est-ce qui est présent sous le besoin de contrôle d’autrui? Qu’est-ce qui est présent sous le besoin d’obtenir une récompense et de mériter le statut de citoyen modèle? Qu’est-ce qui se cache sous le besoin de faire « bien » et de pointer du doigt ceux qui font « mal »?  À chacun d’y trouver en soi ses réponses.

La société nous fait miroiter la solidarité et l’altruiste. Mais, lorsque je vois des gens empressés d’obtenir leur vaccin pour pouvoir aller prendre un petit soupé en terrasse avec une bonne bière, je me questionne. Quand nos dirigeants nous montrent une carotte pour nous attirer vers la vaccination, je me questionne. J’y vois davantage du nombrilisme que de l’altruisme. Un nombrilisme provenant de notre société individualisme, de surconsommation et de plaisirs instantanés et éphémères. Des petits plaisirs qui l’emportent sur la réflexion, sur le sens de la vie, sur l’acceptation de la diversité et sur les valeurs sociales que nous souhaitons véritablement offrir à nos enfants.

 

Mélanie Ouimet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Shares