Au début de la pandémie, le gouvernement Legault s’est fait rassurant et rassembleur en nous invitant à naviguer tous dans la même direction pour se sortir rapidement de cette crise. Tous ensemble alliant nos forces avec un objectif commun. Tous solidaires. Il nous était proposé un chemin à suivre somme toute assez facile, rapide et simple pour se sortir de cette pandémie sans trop de heurtes. Puis, les mois ont passé. La détresse a augmenté. Les tensions aussi.
La solidarité est un sentiment humanitaire qui motive à assister autrui. Nous avons tous été appelé en tant que citoyen à cette solidarité qui entraîne une certaine obligation morale d’assistance mutuelle. Par contre, le fait d’être solidaire n’est pas synonyme de pensée unique. La vision de solidarité et la manière d’apporter son soutien à autrui et à la communauté sont différentes pour chaque individu qui compose cette communauté. Chacun a son vécu, son propre bagage, ses émotions, ses valeurs qui colorent de manière unique sa perception de la vie. La perception de la crise et la manière d’être solidaire sont donc colorées de l’unicité de chaque personne.
Et parfois, pour naviguer dans la même direction, nous avons besoin de réflexion, de créativité, d’idées, de débats, d’options variées. La divergence d’opinion est saine. La divergence d’opinion n’est pas synonyme de division. La divergence d’opinion est nécessaire pour nous construire en tant que société et pour traverser les différentes crises comme la pandémie.
À l’opposé, la fermeture, la pensée unique, l’autoritarisme divisent les gens et les radicalisent. Lorsque nous ne savons plus nous écouter, nous crions plus fort. Nous essayons d’avoir raison, de convaincre, d’imposer notre vision. Plus la fermeture est présente, plus nous crions fort. Plus nous souhaitons avoir raison, plus nous crions fort. Plus nous souhaitons convaincre, plus nous crions fort. Pourquoi crions-nous si fort déjà?
Parfois, il est plus facile de croire qu’un certain groupe est dérangé. Il est plus facile d’anéantir leurs réflexions en leur apposant une étiquette : complotiste, covidiot. Il devient alors facile d’enlever crédit à leur réflexion immédiatement qualifiée de théorie du complot ou d’antiscientifique. Il est aussi facile de croire qu’un groupe est en faveur de la discrimination et de la ségrégation d’êtres humains. Il est facile de se soulever contre ce groupe et de défendre coûte que coûte notre liberté et nos droits fondamentaux sans comprendre la perception de l’autre.
Il est beaucoup plus facile, rassurant et confortable de demeurer dans des croyances simplistes. Lorsque nous tombons dans cette simplicité de pensée, nous ouvrons la porte aux doctrines et à la radicalisation la société plutôt qu’au dialogue sain et constructif.
Thomas d’Ansembourg disait : « Il y a beaucoup plus d’intelligence dans deux cœurs qui essaient de se comprendre que dans deux intelligences qui essaient d’avoir raison. » Au-delà de toutes ces prises de positions féroces, qu’est-ce qu’il y a dans nos cœurs? Quels sont nos émotions? Quels sont nos besoins? Qu’est-ce que nos cris nous murmurent?
Malheureusement, il n’y a pas de réponse simple et unique pour résoudre cette catastrophe sanitaire comme nous l’aimerions. La réalité est complexe et écouter l’autre avec cœur demande d’être dérangé dans nos croyances, d’être confronté dans nos convictions, d’être inconfortable face à nos certitudes ébranlées et d’accepter de vivre énormément d’insécurité.
Mélanie Ouimet