Des enjeux sociaux plus profonds

Des enjeux sociaux plus profonds

La pandémie amène son lot d’opinions musclées à plusieurs égards. Si plusieurs voient dans des revendications de certains des peccadilles, des indignations illégitimes, de l’enfantillage, de l’égoïsme, de l’individualisme, ce que nous traversons actuellement est à mon avis beaucoup plus profond. En limitant strictement les échanges sur ladite « libarté », sur le port du masque ou sur le passeport vaccinal, nous nous sommes éloignés de l’essence véritable des problématiques sociales importantes qui se sont accentuées avec cette pandémie. Nous avons également des échanges stériles de plus en plus violents, haineux et souvent vides de sens.

 

En tant que fondatrice de neuromanité, cette pandémie m’a fait miroiter dès le départ des enjeux sociaux majeurs sur le plan éducatif, éthique, médical, psychologique, philosophique, politique, spirituel. J’ai immédiatement été touchée par la violence collective qui s’installait graduellement au fil des semaines. Une violence envers les personnes âgées. Une violence envers les jeunes. Une violence politique et sanitaire. Tout ceci me ramène à l’éducation, à cette parentalité positive si chère à mon cœur pour laquelle je me forme et que je partage au travers mon travail.

Je crois profondément que si nous avions davantage de connaissances sur le développement affectif de l’enfant et sur les émotions, nous pourrions mieux accompagner et soutenir nos enfants sans avoir recours à des méthodes coercitives si ancrées dans notre société. Nous pourrions avoir une plus grande tendresse envers eux et nous-même pour tout ce que nous vivons. Je crois que ce sont des bases majeures que nous pouvons offrir à nos enfants et qu’ainsi, toute la société en ressortirait grandit. Nous aurions des adultes autonomes, souverains, compatissants, ouverts, altruistes et aimants. Nous aurions une société plus mature.

Également, l’essor des pharmaceutiques et le contrôle que celles-ci exercent dans nos vies sur notre santé globale est un aspect qui me touche depuis plusieurs années, en commençant par l’autisme et la neurodiversité.

 

Dans le milieu psychiatrique, des théories dominantes basées sur la science donnent l’apparence d’un consensus scientifique en matière de diagnostics psychiatriques. Pourtant, aucun marqueur biologique existe pour un trouble psychiatrique donné. Des différences cérébrales existent, des diversités de gènes ou d’expressions de gènes existent, des variabilités de comportements existent, la souffrance psychologique existe mais, il n’existe aucune preuve tangible de l’existence d’un trouble, d’une maladie psychiatrique. Dès lors, pourrions-nous parler de diversité cognitive? Pourrions-nous parler d’adaptation face à l’adversité?

 

Quoi qu’il en soit, tellement d’erreurs ont été et sont encore commises sous prétexte de vérités scientifiques consensuelles. Tant de thérapies inadaptées et violentes ont été et sont encore utilisées pour entrer des personnes dans un moule ou pour les « guérir ». Pensons qu’il n’y a pas si longtemps (et encore aujourd’hui!), des thérapies de conversions étaient utilisées pour guérir l’homosexualité. Aujourd’hui encore, sous prétexte que les autistes seraient troublés, des thérapies comportementales sont recommandées officiellement par le gouvernement. Une contrainte que plusieurs enfants autistes subissent quotidiennement au Québec et ailleurs à l’heure où l’on se parle. Le consensus a déclaré que c’était pour leur bien. Pour combien d’autres conditions encore cela est-il accepté « pour le bien et pour la sécurité »? Tant de médications sont également utilisés pour maîtriser des comportements jugés violents. On se bat encore aujourd’hui pour l’implication des « malades mentaux » dans le choix de leur traitement – combien sont-ils contraints à suivre le protocole, soi-disant pour leur bien et la sécurité de tous?

La vision populaire d’une génétique quasi immuable et fatalisme semble prétendre que nous héritons d’un code génétique prédéterminé. Des professionnels nous laisse croire que nous n’avons aucun pouvoir personnel et collectif quant à notre santé mentale et physique. Des compagnies pharmaceutiques nous vendent que le bonheur est à la porter d’une pilule magique. Notre société semble trouver de plus en plus normal de médicaliser les étapes normales de développement dès la tendre enfance jusqu’à la vieillesse. L’enfance se transforme en trouble comportemental et la vieillesse en démence. Nous en sommes même arrivés à médicaliser les aléas de la vie. La souffrance humaine n’est plus tolérée, elle n’est plus acceptable.

Autant sur le plan psychologique que physique, de plus en plus, nous souhaitons upgrader l’être humain comme s’il s’agissait d’une machine. Nous souhaitons le rendre plus performant à tous les niveaux. Nous souhaitons que l’être humain ne soit jamais malade. Nous souhaitons que l’être humain ne souffre plus. Nous souhaitons mettre l’être humain dans une bulle le protégeant de tout.

Il ne s’agit pas ici de dénier les progrès de la médecine moderne ni les progrès en ce qui a trait à la psychiatrie. Il s’agit plutôt de revoir notre modèle social actuel qui tend à remettre tous les pouvoirs aux pharmaceutiques pour notre santé globale.

En ce qui a trait à la santé psychologique, « le cerveau humain représente la plus grandiose expression de l’homéostasie », rappelle Allen Frances. « Nos pensées, nos émotions et notre comportement constituent le résultat final de la coordination extraordinairement complexe de milliards de cellules qui entre en jeu selon un équilibre exquis, délicat et bien accordé. » Cette homéostasie du cerveau possède une multitude de ressources pour permettre à l’être humain de faire face à de nombreux défis que la vie met sur sa route. Ces ressources permettent, de manière naturelle, de revenir à l’équilibre lorsque nous subissons des perturbations de notre état psychologique.

Notre société actuelle fortement influencée par l’industrie pharmaceutique combiné à la peur de souffrir ainsi qu’à la performance néglige ces ressources naturelles telles que la résilience, l’homéostasie et le travail du temps pour rétablir notre santé mentale.

Et il en va de même pour la mort. Un sujet de plus en plus tabou dans notre société. Si la médecine permet de rallonger l’espérance de vie, celle-ci ne nous apporte pas de réponse sur le sens de la vie. Prolonger la vie, vivre dans une bulle de sécurité n’empêche pas la mort d’arriver et surtout, l’éviter ne fait qu’augmenter notre peur de mourir et notre besoin de vivre dans un faux semblant de sécurité comme nous le voyons depuis le début de la pandémie. L’objectif zéro Covid en est le reflet.

 

Individuellement et collectivement, nous fuyons ou combattons nos émotions. Nous mettons nos énergies et nos croyances dans l’industrie pharmaceutique espérant qu’elle nous apporte des réponses, une vie éternelle et une dose de bonheur.

 

Par ce scientisme et ce transhumanisme, nous sommes en train de détruire tout ce qui fait de nous des êtres humains, tout ce qui nous anime et nous rend vivants.  Dans le collective pour le 20e anniversaire de la neurodiversité, je disais qu’ « une société dans laquelle, ce transhumainsme exploité à l’extrême inhibe sournoisement l’essence de la vie humaine. L’éventail des émotions humain tout comme la singularité, l’originalité, l’excentricité – si étonnantes et troublantes soient-elles – sont neutralisés, dilués et néantisée par une médicalisation insidieusement préjudiciable. Mais, cette standardisation massive impacte les êtres humains. Par ce mirage de normalité – infiniment réduite – la majorité est égarée, cherchant désespérément à se réapproprier sa personnalité véritable à travers un diagnostic psychiatriques et des tests psychométriques subjectifs. Comme si, aujourd’hui, la quête de Soi dépendait de critère diagnostiques émis par l’analyse subjective d’un professionnel. Le bonheur se trouve-t-il dans les diagnostics psychiatrique Le bonheur se trouver-t-il dans les molécules chimiques? Le bonheur passe-t-il par l’acharnement à trouver cettedite bonne substance chimique correspondant à notre profil génétique particulier avec la conviction qu’une fois trouvée, la plénitude s’installera dans notre corps et dans notre esprit? Et d’ailleurs, que goûterait ce bonheur s’il n’avait pas émergé, quelque part, d’une certaine souffrance bien éprouvée? »

À mon avis, ce n’est pas une crise sanitaire que nous traversons ; c’est une crise spirituelle. Nous cherchons le sens. Le sens de la vie. Le sens de notre existence. Cette crise est peut-être une invitation à l’introversion.

En tout cas, je crains que cette pandémie ne soit un point de bascule. Je crains parce que je crois que notre société basculera vers un nouveau paradigme dogmatique et que nous perdions peu à peu notre humanité.

 

Mélanie Ouimet

La science : la nouvelle religion au pouvoir politique dans un état laïc

La science : la nouvelle religion au pouvoir politique dans un état laïc

Durant une période de l’histoire québécoise, la religion catholique avait une forte emprise sur le peuple québécois. Le système d’éducation et le corps des femmes étaient entre autres très contrôlés par cette religion. Des symboles religieux étaient omniprésents autant dans les maisons, les hôpitaux, les écoles et autres lieux publics. Lors de la Révolution tranquille, nous avons assisté à un recul de la religion catholique et les appellations à connotation religieuse se sont laïcisées.

 

Depuis le 16 juin 2019, la loi sur la laïcité de l’État a été adoptée par l’Assemblé nationale du Québec. L’article premier dispose que « L’État du Québec est laïc. » La laïcité s’applique conformément à quatre principes : la séparation de l’État et des religions, la neutralité religieuse de l’État, l’égalité de tous les citoyens et citoyennes, ainsi que la liberté de conscience et la liberté de religion.

Pourtant, l’État du Québec est-il réellement laïc lorsque nous regardons ces quatre principes? Est-ce que la science devient progressivement la nouvelle religion du Québec – comme dans plusieurs autres pays occidentaux d’ailleurs? Est-ce cette nouvelle religion qui dicte massivement la ligne de conduite à adopter depuis le début de cette pandémie? Une question épineuse, délicate et sensible mais, qui mérite réflexion.

Toute religion comporte une ligne directrice de pensées, de valeurs, de croyances ainsi que de comportements jugés adéquats. Les enseignements catholiques entre autres, ont un système « du bien » et « du mal ». La religion dicte à la société ce qui est moralement acceptable. Lorsque des citoyens ne s’y conforment pas ou transgressent ces principes religieux, ils sont méprisés, rejetés de leur communauté. Ils doivent se repentir et demander pardon pour les fautes commises. Ce sont des rapports du monde qui sont ramenés de manière très simpliste à une opposition du bien et du mal.

Il y a énormément de parallèle à faire avec la science. Et la pandémie est à mon avis un tremplin vers des dérives scientismes tant dans la société que sur le plan politique.

N’est-il pas une forme de religion lorsque nous croyons en la science? Oui, nous pouvons avoir confiance et croire que la science nous apportera des pistes de solutions. Par exemple, un traitement qui permettra d’éradiquer la Covid comme nous l’espérons depuis le début de cette pandémie. Mais, la science c’est aussi de remettre en question, de rejeter tout ce qui est insuffisant comme preuves, d’étudier et d’analyser de nouvelles données et ce, constamment. La science n’est pas de croire dogmatiquement. La science ce n’est pas tenir pour vrai.

Quand la science devient une religion, nous tombons dans ce que l’on appelle le scientisme. Lorsque nous croyons que la science est la seule méthode fiable pour nous apporter la Vérité, nous tombons dans du scientisme. Lorsque nous croyons que la science est rationnelle et qu’elle nous apporte une réalité objective, nous tombons également dans du scientisme. N’oublions pas que le scientifique est un être humain teinté de ses propres expériences, perceptions, croyances, émotions qui teintent chacune de ses recherches scientifiques. Ainsi, comme tout ce que l’être humain touche, la science n’est pas purement rationnelle. Les biais cognitifs existent et viennent influencer les recherches. Et c’est normal!

Pourquoi faut-il croire en la science? Parce que celle-ci est consensuelle affirmons-nous. C’est par le consensus scientifique que la science tire sa légitimité, son pouvoir, sa vérité. Pourtant, la science est par définition non consensuelle. C’est-à-dire que la science est faite pour être constamment remise en doute. La science ne détient aucune vérité. Les consensus scientifiques à un temps donné se font renverser à la lumière de nouvelles données et preuves scientifiques. Ainsi va la science. C’est un processus en constante évolution. Un processus jamais immuable. Lorsque nous affirmons haut et fort que nous devons croire en la science… nous sommes dans une croyance! Nous mettons notre foi, nos espoirs en la science. Nous remettons notre pouvoir entre les mains de la science en espérant que celle-ci apaise nos incertitudes, nos peurs, nos souffrances. Nous l’avons entendu plus d’une fois lors de cette crise sanitaire : « Si nous ne pouvons pas croire en la science, comment on va se sortir de cette crise? Allons, il faut croire en la science et garder espoir! »

Il est d’une évidence aujourd’hui que la terre est ronde. C’est un fait scientifique avéré et qui fait consensus. À l’époque, le consensus scientifique établit était que la terre était plate. C’était une vérité consensuelle dont nul n’avait droit de remettre en question. Il en va de même pour tant d’autres concepts qui faisaient consensus à une certaine époque. La science est en évolution permanente. En ce qui a trait à la vaccination contre la Covid, de nouvelles études paraissent jour après jour. Alors, je suis toujours étonnée lorsque j’entends que ceux qui doutent, ceux qui se posent des questions, ceux qui refusent la vaccination sont des personnes contre la science. Même en utilisant le concept de consensus scientifique, lorsque nous tentons d’imposer ladite vérité à autrui, rappelons-nous qu’il s’agit de NOTRE vérité et non de LA vérité. Avec les données que nous avons à un temps T, nous pouvons prendre ce qui fait sens pour nous selon nos valeurs, nos croyances, nos émotions. Chacun en toute liberté.

Un consensus scientifique n’est pas une preuve de vérité absolue. Qu’une majorité de personnes croient vrai une affirmation n’est pas une preuve de sa véracité. Les scientifiques comme tout autres simples citoyens qui sont à contre-courant ne font pas de l’antiscience. Ils ne sont pas complotistes. Interdire ou discréditer des personnes qui pensent à contre-courant d’un consensus alimente le scepticisme, les fausses croyances, les théories du complot mais surtout, empêche la science d’évoluer et de progresser. Ce que nous traversons depuis 18 mois – et même avant! – est donc plus qu’ironique ; nous nous empêchons de décrypter et d’anéantir tous ceux qui souhaitent faire progresser la science en remettant le consensus en doute et en contribuant avec des questionnements ou avec de nouvelles connaissances scientifiques.

Je crains que la politique d’aujourd’hui dit exempte de religion soit en train d’être dirigé par la science et que cette science nous dicte une ligne directrice de pensées, de valeurs, de croyances ainsi que de comportements jugés adéquats à adopter. Cette porte est déjà grande ouverte…

La science nous réconforte dans un monde chaotique rempli d’incertitudes. Elle nous sécurise dans nos peurs et nos angoisses. L’être humain cherchera toujours la Vérité, nous sommes ainsi faits. La science permet de répondre à des questionnements mais, elle ne détiendra jamais la Vérité. Plus encore, elle n’aura jamais la réponse au sens de la vie et à la quête de Soi.

 

Mélanie Ouimet

S’écouter mutuellement avec le cœur : un appel au dialogue et à l’ouverture

S’écouter mutuellement avec le cœur : un appel au dialogue et à l’ouverture

Au début de la pandémie, le gouvernement Legault s’est fait rassurant et rassembleur en nous invitant à naviguer tous dans la même direction pour se sortir rapidement de cette crise. Tous ensemble alliant nos forces avec un objectif commun. Tous solidaires. Il nous était proposé un chemin à suivre somme toute assez facile, rapide et simple pour se sortir de cette pandémie sans trop de heurtes. Puis, les mois ont passé. La détresse a augmenté. Les tensions aussi.

 

La solidarité est un sentiment humanitaire qui motive à assister autrui. Nous avons tous été appelé en tant que citoyen à cette solidarité qui entraîne une certaine obligation morale d’assistance mutuelle. Par contre, le fait d’être solidaire n’est pas synonyme de pensée unique. La vision de solidarité et la manière d’apporter son soutien à autrui et à la communauté sont différentes pour chaque individu qui compose cette communauté. Chacun a son vécu, son propre bagage, ses émotions, ses valeurs qui colorent de manière unique sa perception de la vie. La perception de la crise et la manière d’être solidaire sont donc colorées de l’unicité de chaque personne.

 

Et parfois, pour naviguer dans la même direction, nous avons besoin de réflexion, de créativité, d’idées, de débats, d’options variées. La divergence d’opinion est saine. La divergence d’opinion n’est pas synonyme de division. La divergence d’opinion est nécessaire pour nous construire en tant que société et pour traverser les différentes crises comme la pandémie.

 

À l’opposé, la fermeture, la pensée unique, l’autoritarisme divisent les gens et les radicalisent. Lorsque nous ne savons plus nous écouter, nous crions plus fort. Nous essayons d’avoir raison, de convaincre, d’imposer notre vision. Plus la fermeture est présente, plus nous crions fort. Plus nous souhaitons avoir raison, plus nous crions fort. Plus nous souhaitons convaincre, plus nous crions fort. Pourquoi crions-nous si fort déjà?

Parfois, il est plus facile de croire qu’un certain groupe est dérangé. Il est plus facile d’anéantir leurs réflexions en leur apposant une étiquette : complotiste, covidiot. Il devient alors facile d’enlever crédit à leur réflexion immédiatement qualifiée de théorie du complot ou d’antiscientifique. Il est aussi facile de croire qu’un groupe est en faveur de la discrimination et de la ségrégation d’êtres humains. Il est facile de se soulever contre ce groupe et de défendre coûte que coûte notre liberté et nos droits fondamentaux sans comprendre la perception de l’autre.

 

Il est beaucoup plus facile, rassurant et confortable de demeurer dans des croyances simplistes. Lorsque nous tombons dans cette simplicité de pensée, nous ouvrons la porte aux doctrines et à la radicalisation la société plutôt qu’au dialogue sain et constructif.

 

Thomas d’Ansembourg disait : « Il y a beaucoup plus d’intelligence dans deux cœurs qui essaient de se comprendre que dans deux intelligences qui essaient d’avoir raison. » Au-delà de toutes ces prises de positions féroces, qu’est-ce qu’il y a dans nos cœurs? Quels sont nos émotions? Quels sont nos besoins? Qu’est-ce que nos cris nous murmurent?

Malheureusement, il n’y a pas de réponse simple et unique pour résoudre cette catastrophe sanitaire comme nous l’aimerions. La réalité est complexe et écouter l’autre avec cœur demande d’être dérangé dans nos croyances, d’être confronté dans nos convictions, d’être inconfortable face à nos certitudes ébranlées et d’accepter de vivre énormément d’insécurité.

 

Mélanie Ouimet

 

Vaccination : la perversion de l’altruisme et du concept de liberté

Vaccination : la perversion de l’altruisme et du concept de liberté

Dessin d’Olivier Lascar extrait du numéro d’été de Sciences et Avenir – La Recherche.

 

Devant la hausse des cas de Covid, le gouvernement de François Legault ira de l’avant avec le passeport vaccinal. Cette mesure vise à assurer la santé publique de tous les citoyens. Cependant, les discours des dirigeants m’amènent à me questionner sur les véritables motivations de cette mesure.

 

Lors de sa conférence de Presse du jeudi 5 août 2021, le premier ministre a mentionné que le principe derrière ce passeport vaccinal « est que les personnes qui ont fait l’effort d’aller chercher leurs deux doses doivent être capable de vivre une vie quasi normale, d’avoir accès à toutes les activités, incluant celles qui sont non-essentielles, comme les restaurants » et il ajoute, « Oui, on va donner certains privilèges à ceux et celles qui ont accepté de faire l’effort ». Sur le compte Twitter de Christian Dubé, nous pouvions lire « avec le passeport vaccinal et la 4e vague, les personnes qui ont fait l’effort de se faire vacciner ne doivent pas être privées d’activités. C’est aux retardataires à se conformer ».

Lorsque j’entends des mots tels que « se conformer », « des privilèges », « faire l’effort », je me questionne à savoir si la santé publique est réellement l’enjeu de l’instauration du passeport vaccinal. Je me demande s’il ne s’agit pas d’une stratégie pour obtenir de la population obéissance face à une seule et unique ligne de pensée. Après tout, pourquoi ne pas utiliser des tests PCR négatif pour avoir accès à certains endroits si la santé publique est le véritable enjeu. Ainsi, je me demande quelle place il reste à la liberté de penser, à la liberté d’opinion, à la liberté de choisir, à la liberté de s’exprimer, à la liberté d’échanger, à la liberté de réfléchir. Que reste-t-il des plurialités qui permettent la créativité, l’innovation, les avancés, la richesse de la diversité? Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec la neurodiversité, concept que je valorise depuis plusieurs années. La norme sociale nous dit : si vous avez un cerveau construit différemment de la norme, vous êtes exclus et on nous propose tout pour nous corriger, pour nous faire entrer dans le moule. La société dit : vous êtes malades, vous avez un trouble mental. Des thérapies, de la violence et de la médication sont alors utilisés pour faire revenir dans la norme les personnes au cerveau atypique.

Sous prétexte de la liberté, de l’autonomie, du bien-collectif, nous pervertissons l’essence fondamentale de ces concepts et nous remettons notre liberté, notre autonomie et le bien-collectif aux mains des pharmaceutiques et des politiciens. Notre capacité réflective, notre intelligence, notre pouvoir personnel sont anéantis sous une norme sociale présentée comme étant la seule et unique voie pour se sortir de la crise sanitaire. Une norme sociale qui se permet de catégoriser les êtres humains entre « les altruistes » et les « égoïstes ». Entre ceux qui « font bien » versus ceux qui « font mal ». Bientôt, nous retournerons à des croyances religieuses au travers du scientisme. La science pourra distinguer le bien du mal et punir ceux qui propagent le mal. Cette porte à la ségrégation du peuple est déjà grandement ouverte.

Doucement, nous glissons vers une société totalitaire. Bien sûr, nous pouvons prendre parole et s’opposer. Nous sommes loin de la terreur imposée par un tel régime politique. Par contre, la violence est utilisée en politique pour dicter la conduite à adopter. Des comportements sont récompensés et des privilèges sont offerts pour ceux qui ont bien fait. La discrimination et la ségrégation s’installent progressivement. Des attentes sociales sont dictées et nous avons l’obligation de nous y conformer sous peine d’être pénalisés. L’autoritarisme et l’emprise sont bien présents.

La dictature, c’est également de pervertir le concept de la liberté en utilisant des formes de violences et des stratégies qui servent à persuader la population qu’en suivant la norme établit, ils seront libres. De persuader la population des bien-fondés d’une ligne de conduite et de faire en sorte que la majorité y adhèrent de manière volontaire. Cependant, est-ce bien sous un choix libre et éclairé que des personnes se conforment? Est-ce bien de manière volontaire lorsque des récompenses, des privilèges, des punitions, des contraintes, des menaces, du chantage sont perpétués et martelés quotidiennement? Combien de personnes se font vacciner par peur du rejet, de perdre leur emploi, de ne pas pouvoir circuler librement, de ne pas participer aux sports-études et non par choix éclairé pour leur santé?

Il y a une plurialités de perception sur la vision de la crise sanitaire et de notre société. Il y a une plurialités de manière de concevoir la santé physique et mentale. Il y a une plurialités de choix pour prendre soin de notre santé. Pourquoi promouvoir qu’une seule manière d’y parvenir?

Sous quel prétexte il est permis de porter des jugements et de violenter des citoyens, des êtres humains, simplement parce qu’ils ont une vision différente? Sous quel prétexte un citoyen se mérite le statut d’égoïste et d’être rejeté de la société parce qu’il refuse un traitement médical? Que savons-nous de la vie de ces personnes? Que savons-nous de leurs valeurs? Que savons-nous de leur implication sociale? Que savons-nous de la conception de la vie? Que savons-nous de leur humanisme? Pourquoi leur perception ne contribuerait pas à construire une société meilleure? Pourquoi juge-t-on qu’ils ne font pas d’effort?

Oscar Wilde disait, « L’égoïsme, ce n’est pas vivre comme on veut mais, exiger que les autres vivent comme on le voudrait nous. » Je me demande qu’est-ce que certaines personnes ont à vouloir imposer avec virulence leur vision, leur choix, leurs croyances, leur perception à d’autres. Qu’est-ce qui est présent sous le besoin de contrôle d’autrui? Qu’est-ce qui est présent sous le besoin d’obtenir une récompense et de mériter le statut de citoyen modèle? Qu’est-ce qui se cache sous le besoin de faire « bien » et de pointer du doigt ceux qui font « mal »?  À chacun d’y trouver en soi ses réponses.

La société nous fait miroiter la solidarité et l’altruiste. Mais, lorsque je vois des gens empressés d’obtenir leur vaccin pour pouvoir aller prendre un petit soupé en terrasse avec une bonne bière, je me questionne. Quand nos dirigeants nous montrent une carotte pour nous attirer vers la vaccination, je me questionne. J’y vois davantage du nombrilisme que de l’altruisme. Un nombrilisme provenant de notre société individualisme, de surconsommation et de plaisirs instantanés et éphémères. Des petits plaisirs qui l’emportent sur la réflexion, sur le sens de la vie, sur l’acceptation de la diversité et sur les valeurs sociales que nous souhaitons véritablement offrir à nos enfants.

 

Mélanie Ouimet

Pandémie : sortir de l’échange stérile « pour ou contre »

Pandémie : sortir de l’échange stérile « pour ou contre »

Je ne sais pas quelles stratégies auraient été préférables. Je ne suis pas dans le « pour » ou « contre » ni dans un « clan » ou « dans l’autre ». Je suis humaine et j’ai des jugements mais, j’ai toujours été dans la réflexion avec une pensée fluide qui dérange.

 

Je ne me situe pas d’un côté ni de l’autre. Je suis pour un vivre-ensemble qui ne fera violence à personne. Je cherche une autre proposition de société qui sort de nos croyances acquises limitantes. Ce n’est pas parce que nous ne savons pas faire autrement que cet autrement n’existe pas et que nous devons rester enfermés dans nos carcans sociaux, et pire, sous prétexte que « nous sommes en pandémie! ».

Ainsi, je déplore que nous n’ayons plus le droit à la réflexion et que seule la pensée unique domine. La division, l’extrémisme, la radicalisation naissent de cette pensée unique et de cette incapacité d’échanger, de débattre avec écoute et ouverture.

Je déplore que nos gouvernements optent pour des obligations plutôt que des recommandations. Pendant que nous souhaitons assurer notre sécurité, nous ne voyons pas que nous faisons violence à d’autres et pire, parfois nous trouvons que cela justifié. Je déplore que nous n’ayons pas misé sur la responsabilisation, le discernement et le gros bon sens de tout un chacun.

Je déplore les 133 millions et des poussières[1] dépensés en publicité pour maintenir un discours unique et persuasif qui maintient un climat de peur. La peur et les mécanismes de survie nous déshumanisent. Des situations que jamais nous accepterions deviennent acceptables, voire nécessaires ; des ainées isolées dans leur chambre, des personnes qui décèdent seul sans pouvoir voir leur proche, des enfants masqués, des adolescents isolés. L’isolement est une torture. Rien de justifie la violence et encore moins sous prétexte que cela ne nous tue pas. Sauf peut-être lorsque nous sommes aveuglés par la peur qui nous empêche d’être en réelle empathie et que nous avons des croyances limitantes ; « on n’a pas le choix, on est en pandémie! ».

Je déplore ces discours : « Nous devons tous faire des sacrifices! », « Des gens vont mourir si… », « Par respect pour les personnes décédés, nous devons… », « Il faut soutenir et être solidaire avec le personnel soignant! ». C’est de la violence collective, de la manipulation, de la culpabilisation. Les sanctions, les obligations, les menaces, les chasses aux sorcières, le mépris, les insultes, le rabaissement sont des formes de violence. Ce n’est pas pour notre bien. Ce n’est pas sain. Ce n’est pas de la protection. Ce n’est pas offrir de la sécurité, de la puissance et du pouvoir à la société. Je déplore que nous ne soyons pas des citoyens actifs, constructifs, soutenants, participatifs, créatifs dans cette pandémie. Je déplore que nous soyons plutôt dépréciés au statut de citoyens passifs et résignés attendant une solution miracle qui nous sauvera de cette pandémie.

Je déplore qu’on se dise que « l’augmentation des suicides chez les moins de 15 ans en 2020 soit considéré comme un moindre mal ». Au Japon, cette augmentation est de 30%[2]! Aucun jeune de moins de 15 ans n’est décédé de la Covid mais, 90 se sont enlevés la vie. En 2020, les décès par suicides au Japon dépassent ceux de la Covid, un pays qui n’avait pas connu de hausse de suicides depuis les 11 dernières années! Je déplore que nous n’ayons pas encore accès à ces données au Québec et je déplore que nous n’en fassions pas une priorité. Je déplore que les enfants soient les plus grandes victimes collatérales du Grand confinement selon l’ONU. Des millions de décès annuels supplémentaires des moins de 5 ans sont à prévoir dans les prochaines années[3]. Je déplore qu’en 2020, déjà entre 6000 et 12 000 personnes mouraient quotidiennement de faim[4] en lien avec la crise économique et sociale. Je déplore que le fossé entre privilégiés et vulnérables se creusent, encore. Mais ça, on s’en fout, tant que nous soyons tous vaccinés et que personne ne dérange notre confort lorsque nous pourrons consommer à nouveau des divertissements éphémères et que le cours normal de notre vie aura repris.

Je déplore la destruction du tissu social. Je déplore que nous soyons un contre l’autre, que nous devions choisir un ou l’autre plutôt que favoriser un vivre-ensemble qui tiennent compte des réalités de tous ; celle du personnel soignant, celle des plus démunis, celle de ceux en faillite, celle des personnes en détresse, celle des adolescents, celle des enfants, celle des personnes âgées, celle unique de tout un chacun.

Pour ma part, ce que je vis n’est pas au niveau cognitif : « il faut comprendre que ». Ce que je vis se situe dans l’empathie des différentes réalités aux plurialités infinies.

 

Mélanie Ouimet


[1] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1784934/coronavirus-sensibilisation-infection-ontario-comparaison

[2] https://www.voaafrique.com/a/le-japon-a-enregistr%C3%A9-plus-de-20-000-suicides-l-an-dernier/5747611.html

[3]https://www.un.org/sites/un2.un.org/files/policy_brief_on_covid_impact_on_children_16_april_2020.pdf

[4] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1731502/faim-alimentation-pandemie-covid-restrictions