Le cerveau des enfants est vulnérable au stress

Le cerveau des enfants est vulnérable au stress

Le développement affectif et social des enfants est encore méconnu par une majorité d’adultes.

 

Tout d’abord, le cerveau humain est préprogrammé pour être en relation. Dans notre cerveau, un nombre important de circuits neuronaux sont dévolus aux relations émotionnelles, affectives et sociales. Nous sommes des mammifères sociaux et nous avons besoin les uns des autres pour survivre. Cela est particulièrement vrai chez les enfants dont le cerveau est immature. Ils grandissent et évoluent en relation d’attachement avec les adultes qui les entourent.

Catherine Gueguen nous mentionne que « les découvertes très pointues des neurosciences affectives et sociales montrent que les expériences relationnelles modifient en profondeur le cerveau, en influençant la sécrétion des neurotransmetteurs, le développement des neurones, leur myélinisation, les synapses, les circuits neuronaux, les structures cérébrales, l’expression de certains gènes, les télomères des chromosomes ou encore les systèmes régissant le stress. »  Lorsque nous prenons connaissance de toutes ces modifications qu’ont les relations sur notre cerveau, il devient alors évident que nos relations influencent le développement cérébral de l’enfant, influencent nos comportements, notre santé mentale et physiques. Nos relations influences par conséquent notre manière d’apprendre ainsi que notre potentiel intellectuel et émotionnel.

À l’inverse, un environnement défavorable nuit à la maturation du cerveau. Plusieurs structures du cerveau sont atteintes lorsqu’un enfant grandit dans un environnement hostile, maltraitant ou tout autres contextes anxiogènes. Le nombre de conséquences graves est considérable lorsqu’un enfant ne croît pas dans un environnement favorable. Ces expériences malheureuses façonnent et modifient le cours normal du développement du cerveau. Nous ne pouvons plus nier qu’il s’agisse d’un problème de santé publique majeur et donc, que nous sommes collectivement tous responsables à veiller au bien-être de nos jeunes.

Actuellement, nous avons tendance à surestimer la capacité d’adaptation des enfants en cette période de pandémie et à minimiser les impacts du stress chronique sur le développement de leur cerveau autant sur leur développement psychoaffectif que sur le développement cognitif.

S’il est vrai que nous pouvons difficilement mesurer les impacts négatifs qu’ont les mesures sanitaires et cette crise mondiale sur nos enfants, nous savons en revanche que le cerveau des enfants est très vulnérable au stress.

Un enfant seul ne peut pas s’adapter. Il ne peut pas tempérer le stress qu’il vit. Quand un enfant ressent des émotions que ce soit de la tristesse, de la colère, de la peur, l’amygdale cérébrale répond à ce stress corporel et des molécules de cortisol et d’adrénaline sont sécrétés. En quantité importantes et sur une longue période de temps, ces hormones de stress sont toxiques pour l’organisme de l’enfant ainsi que pour son cerveau en plein développement.

Le cortex préfrontal se développe sur plusieurs années comparativement à d’autres régions du cerveau. Cette partie du cerveau est par conséquent beaucoup plus vulnérable au stress. Des difficultés de régulation de l’attention et du comportement surviennent fréquemment chez les enfants qui vivent de l’adversité dès leur plus jeune âge. Dans cette optique, l’activité cérébrale du cortex préfrontal est très faible chez les adultes colériques, anxieux, violents. Pour un enfant qui vit un stress chronique, les risques de devenir un individu colérique, de faire des crises d’angoisses, d’avoir un trouble anxieux, d’être dépressif, d’avoir de la difficulté à entrer en relation avec autrui sont importants.

La maturation du cortex orbito-frontal ainsi que les connexions neuronales ne se déploient pas de manière favorable lorsque l’enfant est sous stress. Ce processus naturel et inné est ralenti, voire interrompt. Également, lorsque le stress est chronique, la quantité de cortisol sécrété peut détruire des neurones dans des zones importantes du cerveau comme le cortex frontal, le cortex orbito-frontal, le corps calleux, l’hippocampe et le cervelet.

Un enfant ou un adolescent peut passer au travers diverses crises comme celle que nous traversons en ce moment. Par contre, son environnement doit lui permettre de se sentir en sécurité affective. Cette sécurité se retrouve dans les relations d’attachement qu’il a avec les adultes qui prennent soin de lui dans son quotidien. Il doit pouvoir se déposer, se sentir accueilli, compris, vu et écouté. En soi, ce sont les adultes qui permettent aux enfants tempérer leur stress et par conséquent, de favoriser l’adaptation et la résilience.

Malheureusement, actuellement, force est de constater que plusieurs enfants n’évoluent dans cet environnement favorable. La hausse de détresse chez les enfants et les adolescents depuis le début de la pandémie est remarquable et cela est le reflet du stress chronique qu’ils vivent. Nous voyons ces répercussions autant sur le plan scolaire que sur leur santé mentale et physique. Leurs comportements et leurs modifications psychologiques témoignent de leur détresse.

Nous pouvons agir en répondant aux besoins fondamentaux d’affection, d’attention, de calme, de sécurité des enfants. Pour se développer de manière optimale, le cerveau a besoin d’empathie, de bienveillance et de présence. Nos enfants ont besoin d’être soutenus par les adultes qui les accompagnent pour les aider à nommer leurs émotions et pour leur offrir un espace d’attachement tendre, chaleureux et sécuritaire pour se déposer.

 

Pour mieux soutenir les jeunes à l’école : https://neurodiversite.com/section-livres/

 

Mélanie Ouimet

 

Références :

[1] Catherine Gueguen, heureux d’apprendre à l’école, comment les neurosciences affectives sociales peuvent changer l’éducation, Les arènes – Robert Laffond, Paris 2018.

[2] Gottay et al, 2006

[3] Arnsten, 2009

[4] Bos et al, 2009, Pollak et al, 2010

[5] Coccaro 2011

Avons-nous si peur du vécu humain?

Avons-nous si peur du vécu humain?

Il est par exemple facile de confondre la « maladie mentale » avec des défis psychologiques normaux. « La détresse quotidienne transformée en trouble mental représente la réalisation d’un rêve pour le marketing. La puissance du marketing des sociétés pharmaceutiques, de l’internet et des organisations de patients ont engendré un nombre de fausses épidémies, de modes en matière de diagnostics psychiatriques » a déclaré Allen Frances, psychiatre et président des comités de travail du DSM-IV.

 

Dans les faits, qu’est-ce qu’une maladie mentale? Le DSM-V définit la maladie mentale comme étant« un syndrome caractérisé par des perturbations cliniquement significatives dans la cognition, la régulation des émotions, ou le comportement d’une personne qui reflètent un dysfonctionnement dans les processus psychologiques, biologiques, ou développementaux sous-jacents au fonctionnement mental ».

Pour établir sa validité, une maladie doit présenter des signes, des symptômes qui se retrouvent de façon régulière, et ils doivent être liés à une dysfonction physiologique démontrable.

Rappelons que tout diagnostic psychiatrique est subjectif. Les théories dominantes des dernières années sont principalement basées sur des déséquilibres des neurotransmetteurs. Mais, nous sommes toujours en quête de dysfonctionnements cérébraux, de gènes, de neurotransmetteurs permettant d’expliquer objectivement des symptômes donnés. Aucun marqueur biologique ou génétique pour lesdites maladies n’a été découvert. Toutes théories à l’heure actuelle ne sont encore que des théories, des idées, des perspectives non scientifiquement démontrées.

Les diagnostics et la médicamentation subséquents qui sont émis sont-ils alors basés strictement sur la science ou sont-ils plutôt le reflet de ces nombreux biais sociétaux, émotifs, contextuels, financiers ?

Qui parle de maladie et de trouble neurologique devrait donc le faire avec grande prudence, sans quoi, nous risquons de stigmatiser la diversité humaine ET de réduire la souffrance, les émotions humaines, à des déséquilibres chimiques du cerveau.

Et là, il ne s’agit pas d’affirmer que ce qui n’est pas scientifiquement prouvé n’existe pas. Les signes, les traits, les troncs communes de diversité humaine sont présents et ils existent. La souffrance humaine existe également. Il y a des signes, des critères, des symptômes identifiables et ressentis. Il ne s’agit aucunement de crier à l’acceptation de la diversité neurologique et de laisser un être humain dans la souffrance de sa singularité lorsqu’il n’est pas compris de son entourage. Il ne s’agit ici aucunement de nier ni de banaliser l’énorme souffrance que vivent ces personnes. Les symptômes et la souffrance sont bien réels. Mais, il s’agit d’un appel à la prudence et d’un appel à l’ouverture d’esprit, à l’écoute, à la réflexion. Quels impacts avons-nous sur les « maladies mentales »? Se pourrait-il que nous ayons une part de responsabilité culturelle et sociale sur les symptômes de certaines « maladies » ou des troubles de comportements qui en découlent?

Pour ma part, je suis toujours étonnée et touchée, lorsqu’à la suite de la lecture de mon premier livre sur l’autisme, des gens m’écrivent des messages pour me parler de leur détresse. Des messages spontanés où l’émotion est palpable. Des messages où l’on perçoit le mal de vivre avec un certain soulagement de se sentir enfin compris. Ce n’est pas normal que la diversité humaine ainsi que la détresse qui en découle soit aussi méprisée, dénigrée, troublée, médicalisée. Ce n’est pas normal que, collectivement, nous préférons croire en la maladie mentale, aux troubles neurologiques  plutôt que de prendre le temps d’écouter et comprendre l’être humain.  Aucun être humain ne mérite d’être étiqueté « malade mental » et de voir sa douleur réduite à un déséquilibre de ses neurotransmetteurs.

En utilisant un discours médical démesurément, on est devenu de plus en plus intolérants et insensibles à la détresse humaine. Il est devenu plus facile de faire croire aux personnes qu’elles ont un trouble et que les médicaments stabiliseront leur cerveau dysfonctionnel. Que la molécule chimique ne soit simplement pas la bonne pour leur profil génétique lorsqu’en réalité, la détresse n’arrive plus à être engourdie par cedit médicament.

Avons-nous si peur du vécu humain? Parce qu’au travers ces brides de confidences que m’écrivent ces personnes, pas une fois leur mal de vivre ne semblait ne pas trouver racine et émerger de leur vécu, de leurs blessures, bien plus que dans une pseudo affection mentale. On attribue à la personne, à son cerveau dysfonctionnel, ses émotions démesurées et ses comportements irrationnels plutôt que de concevoir ces agissements comme des réponses attendues et normales par rapport aux circonstances sociales et de son histoire de vie. La médicalisation des étapes normales de la vie, des conflits intérieurs et de la détresse semble être le résultat d’une société qui n’a aucune idée de comment accueillir les émotions humaines et qui semble surpassée par des étapes normales de développement de la vie, par la relation humaine authentique.

Il est donc très délicat d’attribuer les causes des « maladies mentales » qu’à la neurologie et/ou à la génétique défaillante. Se focaliser essentiellement sur des « causes » biologiques pour les troubles mentaux est une grave erreur. D’une part, la diversité neurologique semble rejetée et les individus atypiques, comme les autistes, sont ainsi stigmatisés. D’autre part, on ne peut pas séparer la biologie des comportements et des émotions qui forment un tout, sans risquer de réduire la souffrance d’un être humain à un cerveau déréglé et troublé.

 

Mélanie Ouimet

Extrait de la conférence : La neurodiversité, plaidoyer pour la diversité humaine et pour son avenir

TDAH : l’urgence d’un changement de paradigme

TDAH : l’urgence d’un changement de paradigme

Aujourd’hui, nous assistons à la dérive du paradigme médical. Un modèle pour lequel l’originalité, les étapes de vie, les défis, la détresse et la souffrance humaine sont bien rapidement considérés comme des affections psychiatriques.

 

Le 31 janvier dernier, dans une lettre ouverte[1], 48 professionnels, dont 45 pédiatres dénoncent la surmédicamentation des enfants québécois ayant reçu un diagnostic de TDAH et sollicitent la réflexion collective.

La neurodiversité [2]et nous, en tant que militants du mouvement, soutenons cette lettre ouverte et appelons à un changement de paradigme.

Statistiquement parlant, à l’heure actuelle 23%[3]des adolescents ont reçu un TDAH et 17% ont reçu un trouble anxieux[4]. Ces chiffres alarmants ne tiennent pas compte des autres « troubles psychiatriques » comme l’autisme, la bipolarité, la dépression, les troubles alimentaires, etc.

À l’époque où la science nous démontre que le développement d’un être humain est un processus variable et unique, ces dernières statistiques devraient nous inquiéter et nous amener à réfléchir sur notre conception de la normalité, sur les standards de développement des enfants, sur l’uniformisation de l’enseignement, sur notre mode de vie, sur la performance ainsi que sur nos attentes personnelles.

Les fondements théoriques du modèle médical sont majoritairement basés sur une approche neurologique et génétique selon laquelle le cerveau est rapidement considéré comme dysfonctionnel lorsque des défis sont rencontrés. Il est d’emblée admis que les enfants en difficulté souffrent d’un trouble neurologique, en l’occurrence ici, d’un TDAH.

Collectivement, nous en sommes venus à justifier, voire à idolâtrer le modèle médical qui vient apaiser éphémèrement la détresse et déculpabiliser en masquant le manque de connaissances et d’outils alternatifs, laissant l’illusionnisme d’avoir somme toute agi pour le mieux-être. Cela, non sans risque pour ces jeunes concernés pour qui leur problématique est transformée en trouble mental.

À l’heure actuelle, notre société voue un culte à ce modèle biomédical, dominant et bien ancré dans nos mentalités, brimant notre sens critique. Nous tendons à prendre ces théories sur les troubles neurodéveloppementaux pour acquises. Mais, une question est rarement posée : quelle est la validité de ces troubles d’apprentissage ? Personne ne détient cette réponse. Affirmer le contraire serait une grave erreur scientifique et éthique.

N’oublions pas que dans les faits, nous nous basons simplement sur des observations, des listes de critères subjectives, sur ce que nous appelons « troubles du comportement » pour émettre un diagnostic psychiatrique. Aucun marqueur biologique ne permet d’assurer la validité dudit diagnostic émis. En ce sens, tout diagnostic neurologique émis demeure subjectif. Ceci ne veut pas dire que la diversité neurologique n’existe pas ni que la détresse n’est pas présente. Ceci veut simplement dire que les évaluations psychiatriques comportent des limites humaines et scientifiques quant à la fiabilité, d’autant plus lorsqu’on met l’accent sur le dépistage précoce des enfants en âge préscolaire. La recherche nous apporte d’ailleurs certaines réponses concernant la validité de ces outils de dépistages[5]. Le risque de mal interpréter les comportements est énorme. Le risque de s’enfermer dans un diagnostic ou dans une difficulté donnée et d’y réduire l’enfant à ces derniers est réel et préjudiciable.

De plus, nous ne tenons que très rarement compte de l’environnement dans lequel l’enfant évolue. L’accent est excessivement mis sur la vision médicale. Dès qu’un enfant éprouve des difficultés, rencontre des défis, a certaines lacunes, nous croyons immédiatement qu’il a un trouble quelconque. Nous ne remettons que très peu souvent les méthodes d’apprentissage en doute ni le contexte familial dans lequel le jeune grandit. Des facteurs qui influencent pourtant considérablement ses comportements et ses émotions, dont sa concentration et son hyperactivité en classe.

Sommes-nous devenus à « pathologiser » ni plus ni moins des comportements normaux humains; à pondérer l’enfance ? La profession médicale outrepasse-t-elle sa vocation? Il semblerait qu’au-delà d’apporter des soins aux individus, l’institution médicale s’attribue le droit de définir le concept de normalité et par conséquent, de définir ce qu’est un être humain normal. Cette transgression médicale est la force motrice derrière cette immodération de la solution pharmacologique.

La neurodiversité[6] et nous, en tant que militantes du mouvement, dénonçons  cette médicalisation des émotions et des comportements humains qui en découlent.

Le concept de la neurodiversité apporte ce changement dans la manière dont d’une part, nous considérons le fonctionnement cognitif et d’autre part, sur nos méthodes de soutien envers les jeunes – et adultes – rencontrant des défis. Le gouvernement caquiste a annoncé récemment que70 à 90 millions $ seraient investis au cours des deux prochaines années pour la détection des retards de développement chez les enfants. Vraisemblablement, ces mesures de dépistages précoces enrichissent cette force médicale dans un engrenage clinique qui est déjà hors de contrôle. De plus, par exemple, « il est bien documenté que les diagnostics précoces – en autisme – sont plus à risque de ne pas être confirmés par l’évolution de l’enfant (Turner & Stone, 2007), puisqu’un tiers des diagnostics portés avant 24 mois s’avèrent ultérieurement inexacts.[7] » Le risque de confondre immaturité cérébrale avec un trouble est énorme.

Une annonce donc plus qu’inquiétante considérant cette surmédicamentation et le manque de ressources humaines pour accompagner ces jeunes dans une approche humaine ayant en compte la situation unique globale de ceux-ci. Tel un ordinateur comprenant trop d’erreur dans le programme (un bogue), le gouvernement semble appeler au formatage des enfants. Dans cette optique, nous interpellons le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant, afin que ces dernières mesures annoncées soient réévaluées.

Par ailleurs, nous soulignons l’importance de ne pas transférer la problématique c’est-à-dire de transformer le « TDAH » en d’autres troubles psychiatriques immuables. Par exemple, les troubles du comportement et les troubles anxieux semblent être mis de l’avant pour expliquer les problématiques des jeunes. Certes, ces défis sont bien réels et les problématiques doivent être prises au sérieux. Mais, n’en faisons pas des troubles mentaux ! Essayons de développer des stratégies, des compétences, des ressources pour nos enfants. Accompagnons-les avec bienveillance. L’anxiété par exemple, fait partie de la vie : la réaction au stress est par ailleurs inévitable. Mais, il est possible d’apprendre à la canaliser et d’en tirer profit pour nous propulser plus loin au quotidien et ainsi, développer la résilience.

Au-delà des nombreuses sources extérieures pouvant perturber la concentration laissant croire à un « TDAH », nous oublions l’essentiel : la diversité humaine. Ces personnes excentriques, originales, créatives, intuitives qui ont toujours existé ainsi et dont notre société actuelle a de plus en plus tendance à stigmatiser sous des diagnostics psychiatriques dont les troubles neurodéveloppementaux.

Nous avons tous une part de responsabilité. Et si nous prenions le temps de comprendre l’origine des comportements qui nous dérangent ? Et si nous prenions le temps pour découvrir qu’un changement dans nos approches pourrait établir une harmonie dans nos relations interpersonnelles ? Et, si finalement, nous acceptions que la normalité soit un mythe construit à partir de la souffrance de ceux qu’on soumet ? Nous demandons d’ouvrir le dialogue avec toutes les parties concernées, sans exclure les personnes ayant reçu un diagnostic. Pour que l’investissement soit fait de manière efficace sans trimballer les erreurs du passé.

 

Signé Lucila Guerrero, Mentore de rétablissement en santé mentale et Mélanie Ouimet, fondatrice de La Neurodiversité.

 

Références  :

[1]https://www.journaldequebec.com/2019/01/31/tdah-et-medicaments-sommes-nous-alles-trop-loin

[2]http://neurodiversite.com

[3]Institut des statistiques du Québec

[4]Ibib

[5]Sommes-nous tous des malades mentaux ? La vérité sur le DSM-5, ODILE JACOB, Allen Frances, 2013

[6]http://neurodiversite.com

[7]L’intervention précoce pour enfants autistes, Laurent Mottron, MARDAGA, 2016

8 Caitlin M. Conner, Ryan D. Cramer et John J. McGonigle

9 https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/ServicesSociaux/INESSS_CoupDoeil_TDAH.pdf?fbclid=IwAR2_ru-VhaXP9EiXktIxVDTQ4O1g4QV5mqM-jUWNH169PuZigJ2sy5vBpJo

10 https://www.ledevoir.com/opinion/idees/547952/une-lecture-sociologique-du-tdah?fbclid=IwAR14ChRtiGsrTuzU_Go5c-hacHn1grnSI3pPwbIFzTuzJAKTl6lLXZjYNwc

11 https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/ServicesSociaux/INESSS_CoupDoeil_TDAH.pdf?fbclid=IwAR3-v2_WX2iORp_ojwri1IWaYRn_Y1NCSX7SexaqUPDELGzqWh46r03gDVs

12 https://secure.cihi.ca/free_products/choosing-wisely-baseline-report-fr-web.pdf?fbclid=IwAR3nP-9wA7M7vzznmW2SmV5BxCxEkJjbgBTZGov2EIMN1aC3mXTXK7FVqHY

Troubles graves du comportement ou mécanismes d’adaptation mal compris? – Partie 2

Troubles graves du comportement ou mécanismes d’adaptation mal compris? – Partie 2

Des mécanismes d’adaptation pour tempérer des sensations corporelles intenses

 

Lorsque les sensations corporelles intenses sont engourdies ou que la perception du Soi éclate en mille morceaux plusieurs mécanismes d’adaptation se mettent en place instinctivement par le cerveau pour tempérer le malaise interne ressenti par la personne.

Par exemple, quand une personne se gratte jusqu’au sang, cela peut être pour diminuer l’engourdissement qu’elle ressent. Elle ne sait pas nécessairement pourquoi elle le fait ni même comment elle se sent. C’est un mécanisme instinctif et qui apaise la personne. Aussi étrange que cela puisse paraître, l’automutilation apporte souvent un grand soulagement à la personne. La personne veut ressentir, et pour contrecarrer son engourdissent, son mécanisme de survie est de se gratter pour ressentir et se sentir à nouveau en vie.

Nous retrouvons similairement ce même mécanisme de survie lors d’un épisode d’effondrement. Lorsque certains autistes par exemple reçoivent trop de stimuli, leur cerveau est sous tension. Quand l’anxiété est si forte et que la personne est coincée, sans possibilité de « lutter » ou de « fuir », elle se retrouve immobile et prise au piège devant une situation qui échappe à son contrôle. L’anxiété devient paralysante, le cerveau coupe les sensations ressenties dans le corps et la perception du Soi disparait progressivement. L’amygdale s’active et déclenche la sécrétion d’hormones qui activent à leurs tours les mécanismes de survies. À ce moment, la réflexion et le recul sont impossibles. Le cortex préfrontal est déconnecté pour privilégier l’instinct : le mode survie domine. La fragmentation, cette impression que tout s’effondre autour de soi, est un mécanisme de protection que notre cerveau utilise pour se protéger et il est essentiel à notre survie[1].

Comme le cerveau des autistes a un fonctionnement perceptif prépondérant, la fragmentation est possiblement beaucoup plus fréquente que pour les non-autistes. En autisme, on parle alors de repli autistique et d’effondrement autistique. Ces deux états de crise sont provoqués par des surcharges émotionnelles, cognitives, relationnelles et sensorielles. Le flot informatif (les stimuli) est beaucoup plus important puisque les aires sensitives sont sur-connectées. Plus une personne reçoit des stimuli, plus le stress augmente. Puisque le cerveau des autistes perçoit beaucoup plus de détails, la fragmentation devient vraisemblablement plus intense. Les autistes sont des êtres hypersensibles à tous les stimuli internes et externes.

Les personnes qui s’automutilent cherchent désespérément à se sentir mieux et elles n’arrivent pas à gérer autrement cette souffrance qu’elles éprouvent. L’automutilation est un mécanisme d’adaptation négatif. Pour certaines personnes, les comportements d’automutilation surviennent lorsque des sensations trop intenses sont ressenties dans leur corps et les blessures infligées sont souvent représentatives de sa détresse. En plus, l’automutilation est particulière chez les autistes. Ainsi, tel qu’on peut le lire dans un jugement du Tribunal canadien des Droits de la personne, « Selon le DrLaurent Mottron, les blessures auto-infligées sont la réponse la plus extrême à une impasse psychologique pour laquelle il n’y a aucune solution. Il s’agit d’une réponse à la désorganisation du monde. C’est une façon pour une personne autiste de répondre aux situations négatives, alors qu’une personne qui n’est pas autiste démontrera de la colère». Selon la même source, Laurent Mottron affirme que « les personnes autistes apprennent comment gérer leurs réactions en se fiant, par exemple, à un endroit sécuritaire où elles peuvent aller, où elles peuvent s’éloigner de situations stressantes et qu’il est alors possible pour les autistes de composer avec des événements très difficiles, même si ceux-ci provoquent de fortes réactions. Il souscrit aussi à la déclaration selon laquelle« si une personne autiste sait qu’elle peut avoir recours à son mécanisme d’adaptation dans une situation de stress, il devient alors peu probable, et même improbable, qu’elle se trouvera en situation de difficulté.» Pour contrer la sensation de confusion profonde qui habite la personne, pour contrer l’impression que l’esprit vole en mille éclats et pour demeurer ancrée dans le moment présent en conservant un certain contrôle de la situation, la personne autiste (comme non-autiste) peut se frotter vivement les mains ensemble ou sur les cuisses jusqu’à se frapper la tête. Au niveau physiologie, la stimulation cutanée tempère le stress et l’anxiété[2] et c’est d’ailleurs ce que suggère l’acupression[3]. Plusieurs points de relaxation sur notre corps peuvent être touchés en cas de crises d’anxiété et de panique afin de calmer nos amygdales et détendre nos muscles. Lorsqu’on brime une personne de ces gestes pour calmer son anxiété, celle-ci augmente et se transforme en angoisse et l’état de fragmentation augmente. La tête particulièrement est le dernier endroit que le corps ressent quand il est en état de détresse profonde[4]. Ainsi, se frapper à cet endroit devient nécessaire pour tempérer l’angoisse insoutenable et pour se ramener dans le moment présent. C’est un mécanisme de survie naturel et instinctif, mais non sans risque lorsque ce mécanisme est incompris et que les approches sont mal adaptées[5].

Dans tous les cas, il est possible de travailler à obtenir une meilleure perception de son corps et du Soi en ayant une approche psychodynamique de l’être humain et de considérer le mouvement, les rythmes, les actions et les sensations. Le mouvement par exemple aide à mieux sentir son corps. D’ailleurs, une émotion est un mouvement physiologique dans le corps et c’est donc par le mouvement qu’elle s’exprime et « s’évacue du corps ». Lorsque les émotions ne sont ni verbalisées ni extériorisées par le mouvement, le corps demeure sous-tension : la charge émotionnelle demeure dans le corps puisqu’elle n’a pas pu être déchargée. Lorsque les charges émotionnelles s’accumulent, le corps devient en permanence sous tension et nous avons de plus en plus de difficulté à identifier nos émotions puisque nous éprouvons de moins en moins nos sensations et nous perdons la perception intégrale du Soi et le sentiment de nous sentir pleinement vivant. Les mécanismes innés et instinctifs de survie sont enclenchés afin d’enrayer le malaise interne que la personne ne peut nommer et identifier seule et de maintenir un certain équilibre de l’organisme. C’est de cette manière que plusieurs comportements perturbants peuvent survenir, allant de la simple bougeotte jusqu’à la masturbation en public. Le comportement compense le malaise. Pour ces raisons, il est toujours primordial de comprendre le sens et de trouver la racine profonde du comportement si nous souhaitons véritablement aider la personne et favoriser son autonomie et son indépendance. Il est trop facile d’attribuer ces comportements à un simple caprice, à de la manipulation ou à un trouble neurologique immuable.

Les approches psychodynamiques prennent en considération l’être humain dans son intégralité et tiennent compte autant de la neurologie, de la biologie, de la physiologie de l’être humain pour comprendre les comportements sans les réduire à de simples déséquilibres cérébraux. Il devient alors possible, dans un environnement chaleureux, bienveillant, empathique, de créer un espace sécuritaire qui permettra à la personne aux prises avec des comportements dérangeants et une souffrance corporelle et psychique de mieux ressentir ses sensations, de libérer ses tensions accumulées et ainsi d’avoir une meilleure perception du Soi[6]. Le mouvement (jouer librement pour les enfants), la respiration profonde, le yoga, la méditation, l’acupuncture, la pleine présence sont entre autres des méthodes à explorer qui permettent de calmer les amygdales du cerveau, d’être mieux ancré dans le moment présent et de prendre conscience des sensations éprouvées dans notre corps.

 

Mélanie Ouimet

Références :

[1] http://neurodiversite.com/effondrement-autistique-et-automutilation/

[2]Joël Monzée, collectif Neurosciences et psychothérapie, convergences ou divergences?, LIBER, 2009

[3]Bessel van der Kolk, Le corps n’oublie rien, le cerveau, l’esprit et le corps dans la guérison du traumatisme, ALBIN MICHEL, édition française 2018

[4] Jack Lee Rosenberg, Le corps, le soi et l’âme, QUÉBEC AMÉRIQUE, 3e trismestre 1989

[5]Mélanie Ouimet, Les neurosciences sociales et affectives : l’union entre sciences cognitives et psychothérapie?, dans la neurodiversité, plaidoyer pour la reconnaissance positive diversité humaine et pour son avenir, édition France, PARENTS ÉCLAIRÉS, septembre 2019

[6]Bessel van der Kolk, Le corps n’oublie rien, le cerveau, l’esprit et le corps dans la guérison du traumatisme, ALBIN MICHEL, édition française 2018

Troubles graves du comportement ou mécanismes d’adaptation mal compris? – Partie 1

Troubles graves du comportement ou mécanismes d’adaptation mal compris? – Partie 1

 

La perception du Soi : une piste explicative pour certains comportements dérangeants

 

La perception du Soi est un concept complexe et c’est un long processus qui débute à la naissance avec le contact des autres, puisque la perception de son corps et un sentiment distinct du Soi, est en interdépendance avec l’autre. Jean-Pierre Yvernaux mentionne qu’« à la naissance, notre corps est pris dans un rythme relationnel avec le corps d’autrui. Nous éprouvons notre corps par l’expérimentation du corps d’autrui dans la relation. Nous l’éprouvons aussi à partir de l’expérimentation de notre propre corps avec le temps, l’espace et le monde des objets. [1]» C’est ainsi, dit-il, qu’un dialogue tonique s’installe avec les signaux émotionnels et moteurs de l’adulte qui en prend soin. Le bébé, et ensuite l’enfant construira sa perception du Soi, avec son environnement et lui fera éprouver des sensations internes et externes. Les mouvements émotionnels qui se créent, charge- tension-décharge, construisent petit à petit son enveloppe corporelle et développent ses facultés cognitives. Antonio Damasio démontre par ailleurs le rôle que le corps et les émotions jouent dans le développement de notre intelligence[2]. L’être humain possède des systèmes émotionnels préprogrammés essentiels à la survie[3].

C’est en relation avec l’autre et l’environnement que les émotions surviennent et ce sont les mouvements émotionnels qui éveillent les sensations dans le corps et que la perception du Soi s’installe progressivement. Les émotions permettent la survie de l’individu et de maintenir son intégrité. La construction des circuits neuronaux n’est donc pas la simple résultante d’une biologie prédéterminée : le cerveau n’est pas un système distinct et indépendant de ce que nous éprouvons. Lorsque nous attribuons des troubles purement neurologiques aux comportements, nous omettons cette part importante émotionnelle, donc la charge affective qui a servi à construire ces circuits neuronaux[4] Nous ne pouvons pas modifier le cerveau que par des thérapies cognitivo-comportementales qui ne prennent pas en considération les émotions ou qui en demandent une maitrise par l’individu sans tenir compte de la manière dont sa perception du Soi a été construite au fils des années.

La perception du Soi est clairement définie lorsqu’il y a un équilibre entre les tensions internes et externes. Ils nous arrivent tous à certains moments de se fragmenter et de perdre pour plusieurs raisons, la perception intégrante du Soi. Lorsqu’un bébé ou un enfant subit de la négligence ou de la maltraitance et que ses besoins fondamentaux ne sont pas comblés, lorsque les émotions sont réprimées, lorsqu’une personne subit un grand stress, lorsque nous vivons des émotions fortes, lorsqu’une personne subit un traumatisme, etc., le corps se crispe et le cerveau envoie un message pour couper les ressentis trop intenses. C’est un mécanisme de défense pour la survie commune à tous les êtres humains pour ne plus ressentir l’insupportable souffrance. Quand cela est fait de manière répétée, nous perdons la perception intégrale du Soi et certains défis, plus ou moins graves, peuvent s’installer à court, moyen ou long termes[5] Nous avons tous des défis à ce niveau et pour certains, avoir pleinement conscience de leur corps et du Soi est plus difficile selon les différents événements vécus dans leur vie. Ces défis semblent plus importants pour les autistes possiblement puisque les autistes ont un fonctionnement perceptif préférentiel (Étant des êtres plus perceptifs, ils sont plus facilement envahis par le flot de stimuli qui est plus élevé pour eux que la moyenne des gens. La perception du corps peut être plus difficile à s’installer à la naissance ou en court de route). C’est pourquoi il semble si important d’offrir un environnement bienveillant dans lequel l’enfant autiste pourra s’épanouir sans contrainte inutile de ses gestes, mouvements et jeux libres ainsi que des relations affectives respectueuses de son rythme qui pourront le réguler lors de ces excès plus intenses de stimuli.

Le nerf vague qui unit le cerveau, le corps et l’esprit fait en sorte que nous ressentions des douleurs physiques viscérales lorsque nous éprouvons des émotions fortes et intenses. Le nerf vague communique avec le cerveau, le cœur, les poumons, l’estomac, les intestins, etc. engendre ces douleurs physiques[6]. Plusieurs troubles en santé mentale découlent de cette souffrance physique extrême, que notre cerveau tente de réguler par des mécanismes de défense en passant de la dépendance aux substances à l’automutilation. Il ne s’agit donc pas de comportements liés à une dite maladie mentale, mais bien de comportements physiologiques dont l’excitation (hyper ou hypo) doit être régulée. Pour ce faire, les rapports sociaux se doivent d’être mis au cœur de nos approches. Ne l’oublions pas, l’homme est un mammifère social et son cerveau est construit pour vivre en relation avec les autres. Comme le mentionne Bessel van der Kolk, « si on regarde au-delà de la liste de symptômes qui reçoivent des diagnostics psychiatriques, on s’aperçoit que chaque souffrance psychique ou presque, inclut des difficultés soit à créer des relations stables et satisfaisantes, soit à réguler l’excitation (par exemple chez les gens qui, régulièrement, piquent des crises, se ferment, sont surexcités ou désordonnés). » Ainsi, comme il nous le rappelle également, pouvoir se sentir en sécurité avec les autres est primordial à notre santé mentale.

De nombreux autistes, par exemple, ne ressentent pas la faim, d’autres la douleur physique, d’autres les émotions, etc. C’est comme un engourdissement de leur corps. La douleur est présente dans le corps, mais le cerveau coupe la sensation. Ce n’est pas l’autisme en soi, mais le nombre de mauvaises interventions subies au fil des années par manque de connaissance ont créé plusieurs problématiques en lien avec une mauvaise perception du corps. De grands défis associés à l’autisme découlent donc de cette mauvaise perception du Soi. Pour en nommer quelques-uns : ne pas ressentir la douleur, avoir une mauvaise perception du temps, avoir de la difficulté à distinguer le soi et l’autre (avoir des frontières personnelles trop souples), ne pas ressentir la gamme complète des émotions, ne pas ressentir la chaleur, avoir besoin de porter des vêtements serrés ou de porter ceux-ci la même couleur unie, ne pas être propre, se gratter jusqu’au sang, faire des sports dangereux, agitation, se masturber en public, etc.

Lorsque notre perception du Soi est mal définie, c’est souvent que certaines parties de soi sont comme engourdies, fragmentées, dissociées. La personne ressent un malaise interne et son organisme tente de réguler ce malaise par toutes sortes de comportements, parfois inoffensifs et parfois socialement inacceptables, voire dangereux pour l’entourage et la personne. Nous aborderons l’exemple de l’automutilation dans la seconde partie.

 

Mélanie Ouimet

 

Références :

[1]Jean-Pierre Yernaux, Naissance et développement du concept de psychomotricité en Belgique francophone, dans Joël Monzée, collectif,soutenir le développement affectif de l’enfant, CARD, 2014

[2]Antonio Damassio, l’erreur de Descartes, ODILE JACOB, 1995

[3]Panksepp, J. (2009). Brain emotional systems and qualities of mental life: From animal models of affect to implications for psychotherapeutics. In D. Fosha, D. J. Siegel, & M. F. Solomon (Eds.), The healing power of emotion: Affective neuroscience, development & clinical practice (pp. 1-26). New York, NY, US: W. W. Norton & Company

[4]Jean-Pierre Yernaux, Naissance et développement du concept de psychomotricité en Belgique francophone, dans Joël Monzée, collectif,soutenir le développement affectif de l’enfant, CARD, 201

[5]Jack Lee Rosenberg, Le corps, le soi et l’âme, QUÉBEC AMÉRIQUE, 3e trimestre 1989

[6]Charles Darwin, L’origine des espèces : Au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisée dans la lutte pour la vie, FLAMMARION, novembre 2008 ;  Polyvagal theory in therapy : engaging the rythm of regulation, Deborah A. Dana and Stephen W. Poges, juin 2018 ; Éric Marlien, Le système nerveux autonome, de la théorie polyvagale au développement psychomatique, SULLY, mars 2018