Les répercussions du port du masque chez les enfants et les adolescents

Les répercussions du port du masque chez les enfants et les adolescents

Depuis le début de la pandémie, l’impact des mesures sanitaires sur les enfants inquiète plusieurs adultes.

 

Ils ont vécu l’arrêt scolaire au printemps dernier et ce, sur une longue période. Certains ne sont retournés dans leur milieu que cet automne. Ce confinement avait augmenté la détresse de plusieurs jeunes à plusieurs niveaux. Les mesures sanitaires implantées dans leur milieu scolaire comme le lavage fréquent des mains, la distanciation et les bulles sont un facteur de stress supplémentaire bien que le retour à l’école soit salvateur pour la plupart des élèves.

Le port du masque sur de longues périodes s’est ajouté à ces mesures établies. Nous n’avons aucune donnée quant aux effets des mesures sanitaires imposées chez les enfants et adolescents autant à court terme qu’à long terme. Pas plus que nous avons de données sur les répercussions du port du masque. Il n’existe aucune étude indépendante des fabricants sur l’utilisation de masques pour des enfants et adolescents qui pourraient les certifier comme produits médicaux sécuritaires. Également, les matériaux utilisés diffèrent et aucune étude en ce sens a été réalisée sur les effets protecteurs ou néfastes sur le port du masque dans le quotidien. En soit, les décisions sont prises sans fondement scientifique probant et sans connaître les effets négatifs qui pourraient éventuellement peser plus lourd dans la balance que l’effet protecteur. Comment est-il possible de rendre obligatoire un produit sur une base médicale alors qu’aucune étude ne certifie le produit et que les effets secondaires ne sont pas connus?

D’ailleurs, nous avons appris la semaine dernière que le masque chirurgical sera maintenant obligatoire dans nos écoles secondaires mais, pas dans celles du primaire. Selon l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ), ces masques auraient dû être privilégiés dès le départ. Les masques en tissus n’offrent pas la même protection ; ils sont moins étanches. L’INSPQ rappelle toutefois que le port du masque chirurgical n’est pas infaillible et recommande un éventail de mesures dont entre autres d’optimiser la ventilation dans les écoles.

À l’Université de Witten/Herdecke en Allemagne un registre[1] a été mis en place où des parents, des médecins, des pédagogues et autres pouvaient saisir leurs observations. Au total, 363 médecins ont été invités à informer les parents et enseignants de la création de ce registre ainsi qu’à faire des entrées des données. En date du 26 octobre 2020, le registre comptait 20 353 personnes et des données saisies pour un total de 25 930 jeunes entre 0 et 18 ans. La durée moyenne du port du masque était de 270 minutes par jour, soit de 4h30. Le registre est encore ouvert à cette date. Au total, 68% parents ont observé des effets indésirables du port du masque chez leur enfant. Celles-ci comprenaient l’irritabilité (60%), les maux de tête (53%), la difficulté à se concentrer (50%), moins de bonheur (49%), la réticence à aller à l’école / à la maternelle (44%), inconfort (42%) les troubles d’apprentissage (38%) et somnolence ou fatigue (37%). Des sensations d’essoufflement, des vertiges, des pertes de conscience, de la nausée, un sentiment de faiblesse, des douleurs abdominales et une respiration accélérée ont également été rapportés chez de nombreux enfants. Également 25,3% des enfants ont développé de nouvelles angoisses ; ils ont peur que leurs parents meurent de la Covid, ils ont peur d’être étouffés par le masque et ils ont peur pour l’avenir. Des cauchemars et des troubles anxieux ont été remarqués chez les jeunes enfants qui ont de la difficulté à reconnaître les différents visages. Dans l’ensemble, les enfants de 7 à 12 ans ont été davantage touchés par les effets négatifs du port du masque.

Cette étude démontre que le port du masque chez les enfants produits des effets indésirables importants autant sur le plan physique, psychologique que cognitif.

Au Québec, il est également important de spécifier que les éclosions survenues dans les écoles cet automne comptait majoritairement moins de 6 cas[2]. Les cas de Covid dans nos écoles demeurent majoritairement isolés. Dans 43%, l’origine est éclosions provient du personnel. La transmission dans nos écoles québécoises semble peu fréquente, bien contrôlée et les éclosions sont minimes.

Bien que les exceptions existent, nous savons que les jeunes sont très faiblement à risque de complications de la Covid. Pourrions-nous envisager de revoir l’obligation du port du masque chez nos jeunes compte tenu la méconnaissance scientifique qui entoure autant l’effet protecteur que les effets secondaires? La qualité de vie des enfants s’est grandement détériorée au cours des derniers mois. Ce registre nous invite à nous questionner sur ce que nous souhaitons collectivement pour nos enfants. Ce que nous faisons comme choix est-il éthique? Est-ce moral? Attendons-nous d’obtenir le risque zéro pour offrir la qualité de vie optimale que mérite nos enfants? Avons-nous bien mesuré l’impact à moyen et long termes de ces effets négatifs et de cette moindre qualité de vie sur le développement de leur cerveau?

Mélanie Ouimet

 

Références :

[1] https://www.researchsquare.com/article/rs-124394/v1

[2] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1756604/lecons-ecole-eclosions-covid-19-etude-montreal

 

Éducation et maternelle 4 ans : Interagir plutôt qu’intervenir

Éducation et maternelle 4 ans : Interagir plutôt qu’intervenir

« Ce n’est pas signe d’une bonne santé mentale que d’être adapté à une société malade », disait Jiddu Krishnamurti.

 

L’accès universel à la maternelle 4 ans instauré par notre gouvernement actuel suscite de vives réactions. Dans la mêlée des nombreux débats qui opposent les éducatrices en CPE et les enseignants, nous oublions les principaux concernés : les enfants.

Un des principaux objectifs de la maternelle 4 ans est de privilégier de meilleurs services afin de prévenir plus tôt lesdits troubles d’apprentissage, neurodévelopementaux et psychiatriques chez les enfants. En somme, nous visons d’intervenir plus tôt pour optimiser la réussite scolaire. Une noble intention.

En effet, l’enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle mentionne qu’entre 2012 et 2017, 26% des enfants entrent dans le système scolaire avec un facteur de vulnérabilité dans ces domaines : santé et bien-être, compétences sociales, maturité affective, développement cognitif et langagier et habiletés de communication.

Cependant, nous faisons preuve de violence éducative ordinaire, lorsqu’encore une fois, nous mettons l’emphase sur les troubles et nous préférons mettre en avant plan le dépistage précoce, donc affirmer d’emblée que ce sont les enfants qui ont un trouble quelconque plutôt que de prendre notre part de responsabilité dans les défis de nos enfants, d’adapter l’environnement et de miser sur les véritables besoins de base des enfants; L’attachement, le lien, le contact humain.

Nous négligeons d’une part, la diversité humaine, en standardisant de manière déraisonnable le développement des enfants en sous-entendant qu’il devrait atteindre une normalité souhaitée.

À titre d’exemple, le langage verbal des enfants autistes prototypiques débute, pour la majorité d’entre eux, vers 4-5 ans[1]. Il ne s’agit aucunement d’un retard de développement, mais d’un développement atypique. Quelle intervention allons-nous offrir à ces enfants? Puisque, si nous dépistons très tôt ledit retard de langage chez ces autistes, mettre un accent uniquement sur le développement de leur langage serait aussi ridicule que de mettre l’accent sur le développement de la course chez des enfants de 10 mois.

Ainsi, la neurodiversité n’est pas prise en considération. En commençant par hiérarchiser les enfants entre eux : les « doués », les « normaux » et les « vulnérables » (déficients). Ensuite, plutôt que de favoriser les adaptations, la collaboration, la compréhension et le respect de tout un chacun, nous détruisons la diversité humaine au nom du conformiste, d’une illusion de normalité avec le sentiment d’avoir bien fait. Nous sommes incapables d’adapter l’environnement dans lequel évoluent les enfants, faute de volonté, de mauvaises croyances et de moyens financiers. Les élèves sont en difficultés principalement parce que notre système d’éducation est standardisé et normalisé. Nous n’osons que très rarement remettre en question le mode d’apprentissage ainsi que nos approches envers les enfants. La qualité des services offerts est-elle réellement optimale? Les approches disciplinaires punitives et coercitives sont-elles réellement légitimes? Il semble plus facile d’identifier les défis que rencontrent nos enfants en leur fixant un trouble neurologique, un trouble d’apprentissage et maintenant, desdites vulnérabilités que de se remettre en question, ce qui nous déresponsabilise par le fait même.

D’autre part, nous négligeons notre part de responsabilité dans les difficultés que rencontrent nos enfants. Il est trop facile de blâmer ces enfants, de blâmer leur génétique, de blâmer leur trait de caractère alors que nous ne considérons pas le développement affectif des enfants. Nous mettons un fort accent sur le développement cognitif. Les connaissances sur ce sujet abondent et nous sonnons la sonnette d’alarme dès qu’un enfant ne suit pas le cours « normal » de son développement cognitif. Mais, nous ne savons presque rien sur le développement affectif des enfants, pourtant de base, vital et essentiel à leur épanouissement.

Notre société a des attentes totalement irréalistes du développement affectif des enfants. Nous avons des attentes énormes quant à leur socialisation, à leur maturité émotionnelle, à leur autonomie, à leur habileté en matière de communication de leurs besoins, à leur capacité d’adaptation aux changements, etc. Or, ce sont justement ces attentes qu’un enfant doive se comporter comme un adulte qui engendre souvent des troubles de comportements, des troubles d’apprentissages et des troubles affectifs (trouble d’attachement) chez les enfants[2].

Par ailleurs, ce que nous nommons « troubles » est bien souvent ni plus ni moins que des réactivités émotionnelles normales des enfants, compte tenu leur immaturité cérébrale, avec toute l’intensité qu’elles dégagent. L’enfance se transforme en trouble comportemental et tout ce que nous trouvons de mieux à faire c’est de « prévenir » ces troubles en revendiquant un meilleur accès pour le dépistage précoce! Mais, qui adaptera l’environnement? Qui ira à la source des besoins non compris avant de systématiquement dépister un trouble? Qui donnera du temps aux enfants? Qui offrira une qualité de présence? Qui favorisera l’attachement sécure? Qui accueillera leurs émotions? Qui remplira d’amour et de tendresse le réservoir affectif des enfants?

Tant les parents que les intervenants, spécialistes et la population générale, manque souvent cruellement d’information sur le développement émotionnel des enfants et manque par conséquent d’outils pour bien les accompagner au quotidien. Comme un sondage de la Fédération des syndicats de l’enseignement nous le révélait, « Deux professeurs en adaptation scolaire sur trois avaient vécu une agression physique, verbale ou psychologique de la part d’un élève au cours des deux dernières années[3] ». Cette statistique parle d’elle-même. Nous ressentons le désarroi des enseignants et des autres accompagnants et nous tombons rapidement dans cette dynamique d’enfant-bourreau et d’enseignant-victime. Nous souhaitons « prévenir » plutôt que d’accepter que les débordements émotionnels ainsi que les comportements dérangeants fassent partie intégrante de l’enfance que les comportements sont un langage qui exprime un besoin et d’outiller les adultes accompagnants face à cette réalité.

L’empathie, l’amour et la tendresse sont les carburants des enfants[4]et ainsi, une attitude affectueuse de quiconque accompagnant l’enfant a un impact positif et considérable sur la maturation des lobes frontaux de l’enfant[5]. Le cerveau des enfants est encore immature et le cerveau humain prend plusieurs années avant d’atteindre sa pleine maturité. Les enfants ont besoin d’un cadre sécurisant pour permettre à leur cerveau déployer les connexions neuronales de manière optimale et ainsi leur permettre de s’épanouir pleinement.

Par exemple, les autistes, les doués, les enfants ayant un « TDAH » sont reconnus pour être des personnes très sensibles. Ces enfants sont par conséquent sensibles à leur environnement et ils ont de grands besoins affectifs : leur réservoir affectif se vide plus rapidement que la moyenne. Or, cela n’est jamais pris en considération. L’anxiété, les troubles de comportements, le trouble d’attachement sont souvent présents comme comorbidité chez ces enfants. L’enfant se retrouve avec un trouble et une multitude d’autres souffrances et troubles corrélés. Alors qu’initialement, nous avions un enfant, divergent de la norme, qui présente bien souvent et simplement, des besoins affectifs non assouvis. L’attachement est la base de la sécurité affective et de l’autonomie pour tous les enfants. Sans quoi, le cycle comportemental augmente et l’enfant se retrouve rapidement étiqueté d’agressif, de capricieux, d’opposant, de turbulents, de mal élevé.

On nous parle sans cesse d’intervenir… mais jamais d’interagir! Mettre l’accent sur la relation humaine, le lien de confiance et ainsi créer un espace sécurisant dans lequel l’enfant se sentira libre d’exprimer ce qu’il ressent est gage de réussite.

La vérité est que nous masquons notre incompétence et que nous refusons de prendre nos responsabilités. La vérité est que nous, citoyens responsables, rendons nos enfants vulnérables aux troubles d’apprentissage, à l’anxiété, aux comportements dérangeants, au trouble d’attachement, à l’immaturité émotionnelle[6].

Peut-être que « ces enfants » nous envoient un message : celui de dire non au conformiste d’une société aliénée.

Tant que personne ne se lèvera pour parler ouvertement des besoins affectifs si fondamentaux des enfants, petits et grands, nous assisterons à de la petite politique d’égo alliant « experts » et « spécialistes » qui essaient seulement de parler plus fort les uns comme les autres. Parler des besoins affectifs et émotionnels demande humilité, courage et responsabilisation.

Réclamer des services est un discours cliché de cassette préfabriquée vide de sens tant et aussi longtemps que les besoins de bases ne seront pas comblés et que la diversité humaine ne sera pas reconnue. En ne parlant que de problématiques et en demeurant focaliser uniquement sur les troubles potentiels et sur le dépistage précoce, nous oublions l’essentiel : la relation humaine.

Aucun trouble ne sera prévenu tant et aussi longtemps que nous n’aborderons pas la neurodiversité et ces besoins affectifs fondamentaux de base des enfants. Dans les conditions actuelles, nous craignons que maternelle 4 ans ne soit qu’un beau tremplin vers des surdiagnostics et une médicamentation excessive d’enfants déjà en grande souffrance et il serait déplorable que nous continuions de faire les mêmes erreurs « pour leur bien ».

 

Un texte co-écrit par Lucila Guerrero et Mélanie Ouimet

Références:

[1]Laurent Mottron, l’intervention précoce pour enfants autistes, MARDAGA, 2016

[2]Gabor Maté et Gordon Neufeld, retrouver son rôle de parent, HOMME, février 2005

[3]https://www.tvanouvelles.ca/2018/11/26/il-faut-mieux-repartir-les-eleves-dit-le-ministre-roberge

[4]Isabelle Filliozat, au cœur des émotions de l’enfants, MARABOUT, février 2019

[5]Catherine Gueguen, pour une enfance heureuse, POCKET, mai 2015

[6]Mitsiko Miller, découvrir la parentalité positive, TRÉCARRÉ, 2019

Hausse de prise d’antidépresseurs chez les jeunes de moins de 14 ans

Hausse de prise d’antidépresseurs chez les jeunes de moins de 14 ans

Le 7 février dernier, les données de la régie d’assurance médicaments du Québec (RAMQ) nous apprenait que la consommation d’antidépresseurs chez les enfants de moins de 14 ans avait fait un bon de 28% au cours des deux dernières années. Lorsque nous regardons d’un peu plus près, les moins de 4 ans ont connu une hausse de 85%, les 5 à 9 ans, une hausse de 14% et les 10-14 ans une hausse de 31%.

Bien sûr, cette tendance à la médicalisation de l’enfance été déjà bien présente avant la pandémie. C’est d’ailleurs une des principales raisons pour lesquelles je m’implique autant dans le domaine et que j’ai initié le mouvement de la neurodiversité dans la francophonie. Cependant, cette hausse fulgurante demeure particulièrement inquiétante. La tangente que prend la pandémie ne présage rien de constructif et de créatif pour améliorer la santé psychologique et physique de nos enfants. Au contraire, nous semblons y trouver une certaine normalité et un certain confort à médicaliser les émotions de nos enfants.

Avons-nous seulement conscience de ce que nous faisons avec nos enfants?

Que souhaitons-nous transmettre à nos enfants? Que la solidarité et l’altruisme est d’être soi-même en souffrance? Que la collectivité est plus importante que leurs besoins de base fondamentaux? Qu’ils doivent ignorer leurs émotions et leurs besoins. Qu’ils doivent taire leur détresse? Qu’ils doivent prendre des médicaments lorsqu’ils sont en souffrance?

Bien que la médication puisse avoir une portée positive à court terme dans certaines situations urgentes, la médication a des conséquences sur la santé physique et psychologique des jeunes. Ce sont des médicaments puissants que nous proposons à de très jeunes enfants. Cette médication a un impact sur le développement de leur cerveau et entrave son développement normal. La maturation cérébrale ralentit et dans certains cas, la maturation s’éteint complètement dans certaines régions. C’est la réalité de la médication psychiatrique chez les jeunes qui ont un cerveau en plein développement. Imaginons les conséquences désastreuses sur des enfants à peine âgés de 3 ans.

En plus de la médication qui empêche la croissance de leur cerveau, l’environnement dans lequel ils grandissent depuis 2 ans va à l’encontre de leur développement affectif et social. L’environnement impact également la croissance cérébrale. Nos enfants vivent en situation de stress chronique depuis des mois. Le stress chronique est toxique pour leur cerveau en développement. Leurs besoins fondamentaux ne sont pas comblés et pire, les mesures sanitaires qui leur sont imposées freinent leur élan de vie. Nos enfants s’éteignent. Ils meurent de l’intérieur.

 

Nos enfants ne sont pas malades. Nos enfants ne souffrent pas de maladies mentales. Nos enfants évoluent dans un environnement qui ne répond pas à leurs besoins fondamentaux et qui est donc incompatible avec leur développement. Leur environnement actuel brime et réprime leur développement naturel et spontané. Leur cerveau et leur corps entier réagissent à cet environnement inadapté. Nos enfants ne peuvent plus d’adapter à leur environnement et leur cerveau tire la sonnette d’alarme. Le message est clair : ça ne va pas, mes besoins fondamentaux ne sont pas comblés, aide-moi.

Faute de ressources sociales et faute de pouvoir modifier leur environnement, nous médicalisons leurs émotions et leurs besoins. Nous les engourdissons et les droguons en espérant qu’ils ne ressentent plus leur grande souffrance et qu’ils guérissent. Or, comment cela pourrait-il être possible si leurs ressentis sont engourdis et que l’environnement dans lequel ils continuent d’évoluer leur fait violence quotidiennement?

Ces enfants ont besoins de contacts physiques et de lien d’attachement. Ils ont besoin de se sentir respectés, en sécurité, libres. Ils ont besoin d’exprimer leur spontanéité et leur créativité. Ils ont besoin de bouger sans restriction. Ce ne sont pas des caprices ni de l’égoïsme. C’est la nature profonde des enfants.

Nous souhaitons que nos enfants fassent preuve de solidarité et d’altruisme. Nous souhaitons qu’ils puissent vivre en collectivité et qu’ils puissent avoir conscience de leur interdépendance avec autrui et la nature qui les entoure. Cependant, actuellement, nous leur apprenons à s’effacer, à se résigner, à s’oublier. Nous leur apprenons qu’ils ne sont pas importants et qu’ils n’ont pas de valeur. Nous leur apprenons que leurs besoins sont superficiels. Nous leur apprenons qu’il faille souffrir à en mourir de l’intérieur pour préserver les autres. Nous leur apprenons que la seule manière de fonctionner dans une société collective est de s’éteindre, paradoxalement pour le bien-être et la santé de celle-ci.

Nous souhaitons que nos enfants soient « bien élevés » et qu’ils fassent preuve d’empathie. Paradoxalement, nous sommes collectivement en train de détruire leur cerveau et malheureusement, leur faculté innée d’empathie ne se développera pas.  En effet, pour se développer, le cerveau d’un enfant a besoin de conditions favorables. C’est tout le contraire de ce qui se passe actuellement.

Comment pouvons-nous espérer que nos enfants développent leur faculté d’empathie si nous ignorer leurs besoins de bases, leurs émotions et que nous les engourdissons? Comment pourront-ils ressentir? Comment pourront-ils se connecter à autrui et ressentir les émotions pour faire preuve d’empathie? Entre autres, les neurones miroirs ne s’activeront pas convenablement puisqu’elles n’auront pas eu la chance de se déployer. Si nous ne leur offrons pas d’eau, pas de lumière, pas de terreau fertile, comment pouvons-nous espérer qu’ils se développent sainement?

Notre jeunesse, c’est un grand enjeu de santé publique et c’est maintenant que nous devons agir.

 

Mélanie Ouimet

Des enjeux sociaux plus profonds

Des enjeux sociaux plus profonds

La pandémie amène son lot d’opinions musclées à plusieurs égards. Si plusieurs voient dans des revendications de certains des peccadilles, des indignations illégitimes, de l’enfantillage, de l’égoïsme, de l’individualisme, ce que nous traversons actuellement est à mon avis beaucoup plus profond. En limitant strictement les échanges sur ladite « libarté », sur le port du masque ou sur le passeport vaccinal, nous nous sommes éloignés de l’essence véritable des problématiques sociales importantes qui se sont accentuées avec cette pandémie. Nous avons également des échanges stériles de plus en plus violents, haineux et souvent vides de sens.

 

En tant que fondatrice de neuromanité, cette pandémie m’a fait miroiter dès le départ des enjeux sociaux majeurs sur le plan éducatif, éthique, médical, psychologique, philosophique, politique, spirituel. J’ai immédiatement été touchée par la violence collective qui s’installait graduellement au fil des semaines. Une violence envers les personnes âgées. Une violence envers les jeunes. Une violence politique et sanitaire. Tout ceci me ramène à l’éducation, à cette parentalité positive si chère à mon cœur pour laquelle je me forme et que je partage au travers mon travail.

Je crois profondément que si nous avions davantage de connaissances sur le développement affectif de l’enfant et sur les émotions, nous pourrions mieux accompagner et soutenir nos enfants sans avoir recours à des méthodes coercitives si ancrées dans notre société. Nous pourrions avoir une plus grande tendresse envers eux et nous-même pour tout ce que nous vivons. Je crois que ce sont des bases majeures que nous pouvons offrir à nos enfants et qu’ainsi, toute la société en ressortirait grandit. Nous aurions des adultes autonomes, souverains, compatissants, ouverts, altruistes et aimants. Nous aurions une société plus mature.

Également, l’essor des pharmaceutiques et le contrôle que celles-ci exercent dans nos vies sur notre santé globale est un aspect qui me touche depuis plusieurs années, en commençant par l’autisme et la neurodiversité.

 

Dans le milieu psychiatrique, des théories dominantes basées sur la science donnent l’apparence d’un consensus scientifique en matière de diagnostics psychiatriques. Pourtant, aucun marqueur biologique existe pour un trouble psychiatrique donné. Des différences cérébrales existent, des diversités de gènes ou d’expressions de gènes existent, des variabilités de comportements existent, la souffrance psychologique existe mais, il n’existe aucune preuve tangible de l’existence d’un trouble, d’une maladie psychiatrique. Dès lors, pourrions-nous parler de diversité cognitive? Pourrions-nous parler d’adaptation face à l’adversité?

 

Quoi qu’il en soit, tellement d’erreurs ont été et sont encore commises sous prétexte de vérités scientifiques consensuelles. Tant de thérapies inadaptées et violentes ont été et sont encore utilisées pour entrer des personnes dans un moule ou pour les « guérir ». Pensons qu’il n’y a pas si longtemps (et encore aujourd’hui!), des thérapies de conversions étaient utilisées pour guérir l’homosexualité. Aujourd’hui encore, sous prétexte que les autistes seraient troublés, des thérapies comportementales sont recommandées officiellement par le gouvernement. Une contrainte que plusieurs enfants autistes subissent quotidiennement au Québec et ailleurs à l’heure où l’on se parle. Le consensus a déclaré que c’était pour leur bien. Pour combien d’autres conditions encore cela est-il accepté « pour le bien et pour la sécurité »? Tant de médications sont également utilisés pour maîtriser des comportements jugés violents. On se bat encore aujourd’hui pour l’implication des « malades mentaux » dans le choix de leur traitement – combien sont-ils contraints à suivre le protocole, soi-disant pour leur bien et la sécurité de tous?

La vision populaire d’une génétique quasi immuable et fatalisme semble prétendre que nous héritons d’un code génétique prédéterminé. Des professionnels nous laisse croire que nous n’avons aucun pouvoir personnel et collectif quant à notre santé mentale et physique. Des compagnies pharmaceutiques nous vendent que le bonheur est à la porter d’une pilule magique. Notre société semble trouver de plus en plus normal de médicaliser les étapes normales de développement dès la tendre enfance jusqu’à la vieillesse. L’enfance se transforme en trouble comportemental et la vieillesse en démence. Nous en sommes même arrivés à médicaliser les aléas de la vie. La souffrance humaine n’est plus tolérée, elle n’est plus acceptable.

Autant sur le plan psychologique que physique, de plus en plus, nous souhaitons upgrader l’être humain comme s’il s’agissait d’une machine. Nous souhaitons le rendre plus performant à tous les niveaux. Nous souhaitons que l’être humain ne soit jamais malade. Nous souhaitons que l’être humain ne souffre plus. Nous souhaitons mettre l’être humain dans une bulle le protégeant de tout.

Il ne s’agit pas ici de dénier les progrès de la médecine moderne ni les progrès en ce qui a trait à la psychiatrie. Il s’agit plutôt de revoir notre modèle social actuel qui tend à remettre tous les pouvoirs aux pharmaceutiques pour notre santé globale.

En ce qui a trait à la santé psychologique, « le cerveau humain représente la plus grandiose expression de l’homéostasie », rappelle Allen Frances. « Nos pensées, nos émotions et notre comportement constituent le résultat final de la coordination extraordinairement complexe de milliards de cellules qui entre en jeu selon un équilibre exquis, délicat et bien accordé. » Cette homéostasie du cerveau possède une multitude de ressources pour permettre à l’être humain de faire face à de nombreux défis que la vie met sur sa route. Ces ressources permettent, de manière naturelle, de revenir à l’équilibre lorsque nous subissons des perturbations de notre état psychologique.

Notre société actuelle fortement influencée par l’industrie pharmaceutique combiné à la peur de souffrir ainsi qu’à la performance néglige ces ressources naturelles telles que la résilience, l’homéostasie et le travail du temps pour rétablir notre santé mentale.

Et il en va de même pour la mort. Un sujet de plus en plus tabou dans notre société. Si la médecine permet de rallonger l’espérance de vie, celle-ci ne nous apporte pas de réponse sur le sens de la vie. Prolonger la vie, vivre dans une bulle de sécurité n’empêche pas la mort d’arriver et surtout, l’éviter ne fait qu’augmenter notre peur de mourir et notre besoin de vivre dans un faux semblant de sécurité comme nous le voyons depuis le début de la pandémie. L’objectif zéro Covid en est le reflet.

 

Individuellement et collectivement, nous fuyons ou combattons nos émotions. Nous mettons nos énergies et nos croyances dans l’industrie pharmaceutique espérant qu’elle nous apporte des réponses, une vie éternelle et une dose de bonheur.

 

Par ce scientisme et ce transhumanisme, nous sommes en train de détruire tout ce qui fait de nous des êtres humains, tout ce qui nous anime et nous rend vivants.  Dans le collective pour le 20e anniversaire de la neurodiversité, je disais qu’ « une société dans laquelle, ce transhumainsme exploité à l’extrême inhibe sournoisement l’essence de la vie humaine. L’éventail des émotions humain tout comme la singularité, l’originalité, l’excentricité – si étonnantes et troublantes soient-elles – sont neutralisés, dilués et néantisée par une médicalisation insidieusement préjudiciable. Mais, cette standardisation massive impacte les êtres humains. Par ce mirage de normalité – infiniment réduite – la majorité est égarée, cherchant désespérément à se réapproprier sa personnalité véritable à travers un diagnostic psychiatriques et des tests psychométriques subjectifs. Comme si, aujourd’hui, la quête de Soi dépendait de critère diagnostiques émis par l’analyse subjective d’un professionnel. Le bonheur se trouve-t-il dans les diagnostics psychiatrique Le bonheur se trouver-t-il dans les molécules chimiques? Le bonheur passe-t-il par l’acharnement à trouver cettedite bonne substance chimique correspondant à notre profil génétique particulier avec la conviction qu’une fois trouvée, la plénitude s’installera dans notre corps et dans notre esprit? Et d’ailleurs, que goûterait ce bonheur s’il n’avait pas émergé, quelque part, d’une certaine souffrance bien éprouvée? »

À mon avis, ce n’est pas une crise sanitaire que nous traversons ; c’est une crise spirituelle. Nous cherchons le sens. Le sens de la vie. Le sens de notre existence. Cette crise est peut-être une invitation à l’introversion.

En tout cas, je crains que cette pandémie ne soit un point de bascule. Je crains parce que je crois que notre société basculera vers un nouveau paradigme dogmatique et que nous perdions peu à peu notre humanité.

 

Mélanie Ouimet

La science : la nouvelle religion au pouvoir politique dans un état laïc

La science : la nouvelle religion au pouvoir politique dans un état laïc

Durant une période de l’histoire québécoise, la religion catholique avait une forte emprise sur le peuple québécois. Le système d’éducation et le corps des femmes étaient entre autres très contrôlés par cette religion. Des symboles religieux étaient omniprésents autant dans les maisons, les hôpitaux, les écoles et autres lieux publics. Lors de la Révolution tranquille, nous avons assisté à un recul de la religion catholique et les appellations à connotation religieuse se sont laïcisées.

 

Depuis le 16 juin 2019, la loi sur la laïcité de l’État a été adoptée par l’Assemblé nationale du Québec. L’article premier dispose que « L’État du Québec est laïc. » La laïcité s’applique conformément à quatre principes : la séparation de l’État et des religions, la neutralité religieuse de l’État, l’égalité de tous les citoyens et citoyennes, ainsi que la liberté de conscience et la liberté de religion.

Pourtant, l’État du Québec est-il réellement laïc lorsque nous regardons ces quatre principes? Est-ce que la science devient progressivement la nouvelle religion du Québec – comme dans plusieurs autres pays occidentaux d’ailleurs? Est-ce cette nouvelle religion qui dicte massivement la ligne de conduite à adopter depuis le début de cette pandémie? Une question épineuse, délicate et sensible mais, qui mérite réflexion.

Toute religion comporte une ligne directrice de pensées, de valeurs, de croyances ainsi que de comportements jugés adéquats. Les enseignements catholiques entre autres, ont un système « du bien » et « du mal ». La religion dicte à la société ce qui est moralement acceptable. Lorsque des citoyens ne s’y conforment pas ou transgressent ces principes religieux, ils sont méprisés, rejetés de leur communauté. Ils doivent se repentir et demander pardon pour les fautes commises. Ce sont des rapports du monde qui sont ramenés de manière très simpliste à une opposition du bien et du mal.

Il y a énormément de parallèle à faire avec la science. Et la pandémie est à mon avis un tremplin vers des dérives scientismes tant dans la société que sur le plan politique.

N’est-il pas une forme de religion lorsque nous croyons en la science? Oui, nous pouvons avoir confiance et croire que la science nous apportera des pistes de solutions. Par exemple, un traitement qui permettra d’éradiquer la Covid comme nous l’espérons depuis le début de cette pandémie. Mais, la science c’est aussi de remettre en question, de rejeter tout ce qui est insuffisant comme preuves, d’étudier et d’analyser de nouvelles données et ce, constamment. La science n’est pas de croire dogmatiquement. La science ce n’est pas tenir pour vrai.

Quand la science devient une religion, nous tombons dans ce que l’on appelle le scientisme. Lorsque nous croyons que la science est la seule méthode fiable pour nous apporter la Vérité, nous tombons dans du scientisme. Lorsque nous croyons que la science est rationnelle et qu’elle nous apporte une réalité objective, nous tombons également dans du scientisme. N’oublions pas que le scientifique est un être humain teinté de ses propres expériences, perceptions, croyances, émotions qui teintent chacune de ses recherches scientifiques. Ainsi, comme tout ce que l’être humain touche, la science n’est pas purement rationnelle. Les biais cognitifs existent et viennent influencer les recherches. Et c’est normal!

Pourquoi faut-il croire en la science? Parce que celle-ci est consensuelle affirmons-nous. C’est par le consensus scientifique que la science tire sa légitimité, son pouvoir, sa vérité. Pourtant, la science est par définition non consensuelle. C’est-à-dire que la science est faite pour être constamment remise en doute. La science ne détient aucune vérité. Les consensus scientifiques à un temps donné se font renverser à la lumière de nouvelles données et preuves scientifiques. Ainsi va la science. C’est un processus en constante évolution. Un processus jamais immuable. Lorsque nous affirmons haut et fort que nous devons croire en la science… nous sommes dans une croyance! Nous mettons notre foi, nos espoirs en la science. Nous remettons notre pouvoir entre les mains de la science en espérant que celle-ci apaise nos incertitudes, nos peurs, nos souffrances. Nous l’avons entendu plus d’une fois lors de cette crise sanitaire : « Si nous ne pouvons pas croire en la science, comment on va se sortir de cette crise? Allons, il faut croire en la science et garder espoir! »

Il est d’une évidence aujourd’hui que la terre est ronde. C’est un fait scientifique avéré et qui fait consensus. À l’époque, le consensus scientifique établit était que la terre était plate. C’était une vérité consensuelle dont nul n’avait droit de remettre en question. Il en va de même pour tant d’autres concepts qui faisaient consensus à une certaine époque. La science est en évolution permanente. En ce qui a trait à la vaccination contre la Covid, de nouvelles études paraissent jour après jour. Alors, je suis toujours étonnée lorsque j’entends que ceux qui doutent, ceux qui se posent des questions, ceux qui refusent la vaccination sont des personnes contre la science. Même en utilisant le concept de consensus scientifique, lorsque nous tentons d’imposer ladite vérité à autrui, rappelons-nous qu’il s’agit de NOTRE vérité et non de LA vérité. Avec les données que nous avons à un temps T, nous pouvons prendre ce qui fait sens pour nous selon nos valeurs, nos croyances, nos émotions. Chacun en toute liberté.

Un consensus scientifique n’est pas une preuve de vérité absolue. Qu’une majorité de personnes croient vrai une affirmation n’est pas une preuve de sa véracité. Les scientifiques comme tout autres simples citoyens qui sont à contre-courant ne font pas de l’antiscience. Ils ne sont pas complotistes. Interdire ou discréditer des personnes qui pensent à contre-courant d’un consensus alimente le scepticisme, les fausses croyances, les théories du complot mais surtout, empêche la science d’évoluer et de progresser. Ce que nous traversons depuis 18 mois – et même avant! – est donc plus qu’ironique ; nous nous empêchons de décrypter et d’anéantir tous ceux qui souhaitent faire progresser la science en remettant le consensus en doute et en contribuant avec des questionnements ou avec de nouvelles connaissances scientifiques.

Je crains que la politique d’aujourd’hui dit exempte de religion soit en train d’être dirigé par la science et que cette science nous dicte une ligne directrice de pensées, de valeurs, de croyances ainsi que de comportements jugés adéquats à adopter. Cette porte est déjà grande ouverte…

La science nous réconforte dans un monde chaotique rempli d’incertitudes. Elle nous sécurise dans nos peurs et nos angoisses. L’être humain cherchera toujours la Vérité, nous sommes ainsi faits. La science permet de répondre à des questionnements mais, elle ne détiendra jamais la Vérité. Plus encore, elle n’aura jamais la réponse au sens de la vie et à la quête de Soi.

 

Mélanie Ouimet